Les Galapagos
Tout au long de notre voyage nous avons eu la chance de croiser de nombreux animaux exotiques, aussi bien sur terre que sous l’eau. Bien qu’au départ nous n’étions pas forcément passionnés par les bêtes à poils ou à écailles, nous nous sommes aperçus au final que nous éprouvions un immense plaisir à croiser et à observer cette faune sauvage. Nous sommes loin d’être des fervents défenseurs des animaux et nous n’avons pas non plus notre carte de membre de l’association « 30 millions d’amis » mais il n’en reste pas moins qu’observer un animal en liberté procure des sensations beaucoup plus intenses qu’une simple visite au zoo. Malheureusement, en France, nous ne connaissons pas trop ce sentiment. Seuls quelques chevreuils et lièvres montrent parfois le bout de leurs queues. Et encore, il faut être chanceux et habiter en campagne profonde pour les apercevoir. Mais imaginez-vous la dose d’adrénaline provoquée par le passage d’un ours à côté de notre voiture au Canada, par la présence de bouquetins, de marmottes et de chèvres des montagnes sur les chemins de randonnée aux Etats-Unis, par la baignade avec des requins baleines de 8m de long au Mexique ou avec des raies mantas au Bélize, ou même par la présence d’une tarentule sur notre toile de tente au Costa Rica. Ce sont des moments inoubliables et pour sûr ils resteront parmi nos meilleurs souvenirs de voyage. C’est donc sans la moindre hésitation que nous avons cassé notre tirelire pour nous rendre sur les îles Galapagos, probablement l’un des meilleurs endroits au monde pour observer de près des animaux uniques en leur genre.
Visiter les Galapagos demande en effet d’avoir un compte en banque plutôt bien fourni. Les premières dépenses commencent avec l’achat du billet d’avion. Cet archipel constitué de dizaines d'îles et îlots est situé à environ 1000 kms des côtes équatoriennes et l’avion représente le moyen de transport le plus rapide et pratique pour arriver à destination. Une fois sur place il faut payer l’entrée au Parc National des Galapagos qui s’élève à 100 dollars. Avec ces 2 seuls secteurs de dépenses on n’est déjà pas loin des 500 euros investis alors qu’on n’a pas encore vu l’ombre de la moindre tortue ou iguane. Pour voir ces animaux et plus encore, il faut alors se déplacer d'île en île. Pour ce faire beaucoup de touristes optent pour des croisières mais celles-ci coûtent en général les yeux de la tête (environ 1000 euros pour 4 jours sur les bateaux les moins luxueux). De notre côté nous avons choisi une autre option. Nous avons décidé de dormir tous les soirs à l’hôtel et de faire des excursions en bateau à la journée. Il faut en effet savoir que sur les dizaines d'îles et îlots que comptent les Galapagos, 4 sont habitées pour un total de 25 000 habitants. Il est déjà possible d’apercevoir gratuitement beaucoup d’animaux en liberté sur ces 4 îles mais certains ne peuvent s’observer que sur des petits îlots non habités, d’où la nécessité de faire quelques excursions à la journée. Cette formule est 2 voire 3 fois plus économique que la croisière et permet de sélectionner spécifiquement les animaux que l’on souhaite rencontrer. De plus cela permet de dormir tous les soirs dans des hôtels confortables à des prix raisonnables.
C’est donc après plus d’une heure de vol que nous avons rejoint la petite île de Baltra. Seul l’aéroport semble donner un peu de vie à cette petite île totalement déserte. Il faut dire qu’après l’attaque de Pearl Harbor par les japonais durant la seconde guerre mondiale, les américains ont décidé de construire une base militaire sur l'île de Baltra. L’occupation humaine associée à l’introduction de chiens ont totalement décimé les espèces animales vivant ici. Les touristes utilisent donc cette île seulement comme point d’entrée dans les Galapagos et rejoignent ensuite rapidement leurs bateaux de croisière ou l'île de Santa Cruz située juste à côté. Un bac relie ces 2 îles et un bus permet ensuite de rejoindre Puerto Ayora, la plus grande ville de l'île. C’est dans cet endroit agréable que nous avons établi notre camp de base pour 3 jours.
Comme tout bon touriste qui se respecte nous avons commencé par la visite du centre Darwin, nom donné en hommage au célèbre naturaliste anglais qui débarqua aux Galapagos en 1835 à bord du navire Beagle. Il a passé plusieurs mois à observer les espèces animales et végétales présentes sur ces îles. Cet endroit constituait un lieu privilégié pour l’observation car selon les îles, certaines espèces pourtant similaires au départ avaient évoluées de manières différentes. Par exemple, sur les îles dépourvus de végétation les oiseaux avaient développé un bec plus long pour attraper les verres entre les rochers alors que sur les îles boisées ils avaient adopté un petit bec trapu pour creuser l’écorce des arbres. Les travaux effectués ici l’ont grandement inspiré pour formuler sa célèbre théorie sur l’évolution. Le centre Darwin est ainsi avant tout un centre éducatif décrivant la formation des îles et les espèces la peuplant. Il est également doté d’un zoo où l’on peut observer des tortues géantes et des iguanes. Cette visite intéressante n’était qu’un préambule à tout ce qui allait suivre. Le lendemain nous avons en effet pris un taxi pour nous rendre dans le centre de l'île. A cet endroit il est possible de visiter des tunnels de lave rappelant que les Galapagos sont des îles volcaniques. Mais ce sont surtout les tortues géantes des Galapagos que nous sommes venus chercher. En nous baladant dans une réserve nous avons pu en apercevoir 3 ou 4 déambulant en parfaite liberté. A vrai dire, avec un poids de plus de 200 kgs et un âge pouvant atteindre jusqu’à 200 ans, elles sont loin de marcher de manière très fluide. Au moins cela facilite la prise de photo. Puis nous sommes allés nous promener à Tortuga Bay, une magnifique plage de sable blanc s’étalant sur plusieurs kilomètres. Ici les stars sont les iguanes marins. Durant toute la journée, telles les vieilles sur la côte d’Azur, ils s’affalent à plat ventre sur le sable se faisant dorer la pilule. Le résultat est le même, c’est-à-dire qu’ils ont la peau flétrie et carbonisée par les rayons UV. De très jolis crabes à la carapace allant du jaune au rouge ainsi qu’une multitude d’oiseaux habitent également ces lieux. Tout cela au milieu des touristes qui n’oublient pas d’aller piquer une tête dans l’eau turquoise.
Jeune tortue, petite et mignonne ...
... peut devenir adulte et hargneuse ...
... ou encore vieille et completement amorphe
Et bien, c'est le cancer de la peau assuré
Il a beau être très coloré, il n'a pas l'air bien sympathique
Lui non plus d'ailleurs
Petite trempette du soir en attendant la marée haute
Le jour suivant arriva notre première excursion en bateau pour visiter la petite mais passionnante île de Seymour Norte. Elle constitue un important site de nidification où des milliers d’oiseaux de différentes espèces viennent donner naissance et couver leur progéniture. Toutefois notre débarquement sur cette île fut quelque peu laborieux. En effet ces îles ne sont pas du tout aménagées pour amarrer des bateaux et le seul moyen est d’accoster avec un zodiaque. Etant 16 personnes dans le bateau et le zodiaque ne pouvant en contenir que 8, il fallait donc faire 2 voyages entre le bateau et l'île. Nous avons décidé de faire partie de la première vague et nous l’avons vite regretté. Effectivement, au moment de débarquer, les personnes situées à l’avant du zodiaque ont commencé à descendre sur l'île. Le problème est que l’avant s’allégeait au fur et à mesure des personnes qui descendaient mais l’arrière restait tout aussi chargé. Et il était bien chargé car 2 obèses américains occupaient ces places. A cause de cette mauvaise répartition des poids, le bateau a commencé à s’enfoncer par l’arrière tant et si bien que l’eau a fini par rentrer. Mais on ne parle pas de quelques gouttes, ce sont plutôt des dizaines de litres d’eau qui ont fini par envahir le bateau en quelques secondes, faisant croire à toute le monde, même au capitaine, qu’on allait couler. Au lieu d’aller voir les oiseaux, on a bien failli finir au milieu des lions de mer qui nous regardaient d’un air amusé depuis leurs rochers. Après quelques instants de panique où le capitaine essayait même en vain d’enlever l’eau à la main, il a fini par nous ramener au bateau. Il a ensuite pu vider le zodiaque et ce n’est que par vague de 5 personnes (en prenant soin de bien placer les 2 obèses) qu’il a fini par amener tout le monde à bon port.
Nous nous sommes alors crus en plein milieu du célèbre film « les oiseaux » de Hitchcock. Des milliers d'oiseaux volaient au-dessus de nos têtes ou étaient posés au sol et poussaient des cris stridents. Mais en aucun cas ils ne semblaient effrayés par notre présence. Nous pouvions nous approcher à 1m d'eux sans qu'ils ne s' envolent. A cette distance le zoom de l'appareil photo était superflu. En général on n'est pas trop passionné par les oiseaux mais ce spectacle était vraiment impressionnant. D'autant plus que nous avons pu observer de très près deux espèces d'oiseaux très esthétiques et emblématiques des Galapagos : le fou à pattes bleues et la frégate. Chez cette dernière espèce, le mâle est caractérisé par une membrane rouge au niveau de son gorge qu'il peut gonfler lors de la saison des amours pour épater les femelles. Nous avons pu assister à une telle parade et apparemment ça fait aussi de l'effet chez les humains, tous les touristes le mitraillant de photos. Le fou à pattes bleues est quant à lui caractérisé, comme son nom l'indique, par des pattes d'un magnifique bleu turquoise. Personne ne sait d'où vient cette couleur si particulière. Et comme cette île est un important site de nidification, nous avons pu observer beaucoup de ces oiseaux en train de couver des oeufs ou de nourrir leurs petits. Et toujours sans la moindre peur des hommes. Nous sommes ainsi restés 2h sur l'île à prendre en photo les oiseaux sous toutes leurs coutures. Nous avons également rencontré d'autres habitants de l'île comme les lions de mer et les iguanes terrestres. Ces derniers sont facilement reconnaissables par leur couleur jaune. Suite à cette balade nous sommes allés sur une plage déserte au nord de l'île de Santa Cruz. Nous avons pu y observer des flamands roses et également faire du snorkeling (masque et tuba). En effet les fonds marins des Galapagos présentent également une faune très riche et nous avons pu y observer de nombreux poissons colorés.
Regardez bien ce papa "fou à pattes bleues" couver ses 2 petits.
La femelle n'a pas l'air émue par cette magnifique gorge deployée
Pour etre fripé, il est fripé celui-là.
Le camouflage de cet iguane est presque parfait
Et oui, des poisons siamois, ca existe!
Le lendemain nous avons quitté l'île de Santa Cruz pour aller passer quelques jours sur l'île d'Isabela. Les 2h de traversée en bateau furent vraiment très agitées. Heureusement nous avions été prévenus. Nous avons donc déjeuné légèrement et pris des cachets contre le mal de mer. Mais visiblement tout le monde n'avait pas été averti... A l'arrivée sur l'île nous avons été accueillis par des petits pingouins des Galapagos (ils ne font pas plus de 20 cm de haut) nageant dans l'eau et par des lions de mer se prélassant sur les bancs publiques installés sur la plage. Et justement quelques heures plus tard nous partions en excursion pour aller observer de plus près ces fameux pingouins. Au final nous avons presque pu les toucher et observer bien d'autres animaux. En effet, nous avons fait du snorkeling dans une petite crique. De nombreux animaux se réfugient ici pour échapper aux remous de l'océan. Nous avons ainsi pu nager avec des tortues de mer, des requins à pointe blanche, des centaines de poissons colorés, des hippocampes et bien sûr des pingouins. Nous avons ensuite marché sur des coulées de lave s'étant jetées dans la mer où nous avons à nouveau pu apercevoir des fous à pattes bleus et des lions de mer, le tout au milieu des cactus. Bref, une nouvelle journée riche en rencontres animalières.
Le port d'Isabella annonce la couleur.
Et c'est parti pour la sortie Snorkeling
Allez, on lève un peu la tête et on fait un grand sourire pour la photo.
Mais où allez vous? Je veux juste vous prendre en photo.
Regardez bien!!! Il y a un hippocampe enroulé autour de cette branche.
Pierre-Jean a essayé de se déguiser en "Pingouin" mais son ami ne semble pas le reconnaitre.
Les fameuses coulées de lave.
Lequel est le plus fou, celui avec les pattes bleues ou l'autre avec les yeux bleus?
Mais l'île d'Isabela est également réputée pour ses 5 cratères volcaniques et nous nous sommes lancés dans l'ascension de l'un d'entre eux le lendemain. Il faut savoir que les Galapagos sont situées sur la plaque tectonique de Nazca. Cette dernière se déplace d'Ouest en Est au-dessus d'un point chaud. De temps à autre de la lave est éjectée hors de ce point chaud. Elle vient alors se refroidir au contact de l'eau de l'océan Pacifique créant ainsi de nouvelles îles. De ce fait les îles les plus à l'Est sont anciennes alors que celles situées le plus à l'Ouest (comme l'île d'Isabela) sont récentes. Cela se traduit par une végétation beaucoup plus dense sur les îles les plus anciennes, la flore ayant eu le temps de pousser sur la roche volcanique. Et bien sûr, selon le principe de l'évolution, cela se traduit par une faune différente plus adaptée à cet environnement. L'île d'Isabela étant "récente", elle dispose d'une végétation peu développée. Nous avons pu parfaitement nous en apercevoir en arrivant au sommet du volcan Chico. Les récentes éruptions ont laissé un paysage lunaire composé exclusivement de lave refroidie. Du haut du volcan on a pu apercevoir l'étendue de ces coulées de lave qui ont recouvert toute la plaine située en contrebas. A la suite de cette visite nous avons fait une baignade rafraîchissante au milieu des quelques lions de mer qui avaient daigné quitter leur banc.
Le paysage lunaire du volcan Chico
Sabrina avec ses 2 nouveaux animaux de compagnie
Puis nous avons pris un bateau pour revenir sur Santa Cruz dans une mer tout aussi agitée. En attendant le bateau devant nous transférer sur l'île de San Cristobal, nous nous sommes rendus à las Grietas, une magnifique plage coincée entre 2 falaises, ou plutôt un canyon rempli d'eau où il fait bon s'y baigner. Après 2 nouvelles heures à être secoués en mer nous sommes donc arrivés à San Cristobal, la préfecture des Galapagos. Autant il y avait quelques lions de mer à Isabela, autant ici les plages sont remplies de ces créatures plutôt bruyantes mais tellement marrantes lorsqu'elles se déplacent sur le sable.
Le jour suivant nous avons voulu effectuer une nouvelle excursion en bateau pour nager entre autres avec des requins marteaux. Malheureusement cette sortie n'a pas pu se faire, faute à un manque total d'organisation et de discussion entre les différentes agences situées sur les différentes îles. En effet, nous avions réservé ce tour quelques jours plus tôt via une agence sur Santa Cruz. Etant en haute saison, il vaut mieux s'y prendre à l'avance pour être sûr d'avoir une place à bord. Le problème est que les Galapagos ont leur propre gouvernement fixant leurs propres règles (ces îles sont pourtant rattachées à l'Equateur). Dans ces règles une agence située sur Santa Cruz ne peut pas réserver un tour qui part d'une autre île. Elle doit donc contacter une agence présente sur l'île où a lieu le tour qui elle même doit contacter un capitaine de bateau. Cela a pour but de faire travailler toutes les agences réparties sur les différentes îles mais le résultat de tout ce téléphone arabe est que nous étions inscrits sur un bateau n'ayant aucune sortie prévue ce jour là. Et en plus il a fallu batailler pour se faire rembourser. Nous avions déjà eu des signes avant coureurs de cette organisation minable lorsque plusieurs fois nous étions inscrits sur le mauvais nom de bateau ou alors lorsque les bus pour les excursions venaient nous chercher avec une heure de retard. On a vraiment l'impression que tous les professionnels du tourisme savent que peu importe si leurs prestations sont bonnes ou mauvaises, les touristes continueront d'affluer. Du coup ils ne cherchent en rien à améliorer leur organisation. Une autre règle stupide que leur gouvernement a mis en place pour pousser le touriste à la consommation est l'interdiction de vente de bouteille de soda de plus de 500 mL. Et autant dire qu'acheter 4 bouteilles de 500 mL revient plus cher que d'acheter une bouteille de 2L. Par contre il n'y a aucun mal à trouver des bouteilles de vin de Bordeaux de 750 mL à plus de 40 dollars. Même problème avec les pâtes. Ils ne vendent que des Barilla ou des Panzani à 4 dollars le paquet, tout ça dans le but que les touristes aillent dépenser leur argent au restaurant. Bref, les Galapagos ont beau être des îles magnifiques, il n'en reste pas moins que le touriste est pris pour une vache à lait.
Pour nous remettre de cette déception, nous sommes allés nager sur la plage avec les lions de mer. Et nous avons eu de la chance car ils étaient particulièrement joueurs. Durant plus d'une heure deux d'entre eux se sont amusés avec nous. Leur but était de s'approcher le plus près possible de nous. Au moment où nous essayions de les toucher, ils donnaient un grand coup de queue et partaient en sprint. Ou alors des fois ils plaçaient leurs têtes à 20 cm de la nôtre et faisaient semblant de nous donner un coup de boule. Et on ne compte même pas le nombre de fois où nous avons fait des pirouettes avec eux. Ces animaux très joueurs ont beau être peu dégourdis sur terre, ils sont par contre d'excellents nageurs. Un moment vraiment magique que nous ne sommes pas prêts à oublier.
Attention, j'arriiiiiiiiiive.
Elle est passée par ici, elle repassera par là....
Petite roulade juste devant nos yeux...
Voila comment se terminent les soirees arrosees aux Galapagos
Malheureusement, le lendemain venait l'heure de nous rendre à l'aéroport de San Cristobal et de quitter ce petit coin de paradis. Nous y serions bien restés quelques jours de plus pour profiter de cette nature exceptionnelle. Mais nous devions nous rendre à Lima où les parents de Sabrina nous rejoignaient quelques jours plus tard.
