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le monde à l'envers

De Villazon a Puerto Iguazu

C’est à 5h du matin que notre bus est arrivé à Villazon, dernière ville bolivienne avant la frontière argentine. Entre le froid, la nuit et les ruelles désertes, rien ne nous motivait vraiment à glisser notre nez en dehors du bus. Et c’est très gentiment que le chauffeur nous a laissé terminer notre nuit sur les sièges en bois de son « carrosse ». Nous nous sommes donc réveillés à la lueur des premiers rayons de soleil. Après un dernier petit-déjeuner bolivien, c’est à pied que nous avons parcouru le dernier kilomètre menant au poste frontière. Nous avons eu la malchance d’y arriver juste après un bus rempli de boliviens. Visiblement les formalités administratives pour pénétrer en Argentine sont assez lourdes pour eux. Il nous aura ainsi fallu patienter 2h pour obtenir en 10 secondes le tampon d’entrée sur nos passeports. Cela nous confirme une fois de plus qu’être français ou plus généralement être originaire de l’Europe de l’Ouest est un réel atout pour voyager.

 

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Il n'y a plus qu'a prendre son mal en patience

 

Passage de frontière rime toujours avec change d’argent et c’est ce que nous nous sommes empressés de réaliser une fois sur le sol argentin. D’habitude nous n’encombrons pas notre blog de ces formalités mais la manière de procéder est tellement particulière en Argentine que nous sommes obligés d’y consacrer un « petit » paragraphe. Il faut en effet savoir que le cours de la monnaie argentine (le pesos argentin) est très instable. En général il subit une forte inflation de 10-20% par an sur une décennie environ puis soudainement son cours diminue et il est totalement dévalué. Pour cette raison les argentins n’ont pas du tout confiance dans leur monnaie. Beaucoup préfèrent accumuler des devises fortes et plus stables tels le dollar américain ou l’euro, les cacher quelques années sous leur lit et ensuite les changer contre des pesos argentins lorsque ceux-ci sont au plus bas. Une manière simple et plutôt rapide d’amasser une petite fortune. Pour parer à ce phénomène les banques argentines doivent suivre des règles très strictes pour avoir l’autorisation de verser des dollars américains ou des euros à leurs clients. A tel point qu’il est devenu presque impossible d’en obtenir en Argentine. Devant cette difficulté à se fournir en devises étrangères, beaucoup d’argentins décident d’effectuer des séjours « touristiques » en Uruguay où il est facile d’obtenir des dollars dans les distributeurs automatiques. L’autre solution pour eux est d’échanger les dollars des nombreux touristes présents dans leur pays contre des pesos argentins. En France on appelle ça le marché noir, en Argentine on l’appelle le « blu ». Totalement illégale cette pratique semble pourtant totalement tolérée par les forces de l’ordre. Ainsi, dans la rue, il est très fréquent d’être abordé par des argentins nous disant discrètement « cambio » (faire du change). Si les sommes sont petites (inférieures à 500 euros environ), l’échange se passe directement dans la rue. Au-delà de cette somme, l’interlocuteur amène les touristes dans des rues sombres où se trouve sa « cueva » (la cave). L’échange peut alors avoir lieu en toute discrétion bien que cette atmosphère digne des meilleurs films mafieux puisse paraître intimidante. En général l’échange se passe bien même si certaines personnes ont reporté avoir reçu de faux billets. Mais le jeu en vaut vraiment la chandelle car cela permet d’augmenter son pouvoir d’achat de 30-40% par rapport à un classique change ou retrait d’argent dans une banque, et donc d’avoir des vacances 30-40% moins chères. De notre côté nous n’avons pas tenté l’expérience des « cuevas » pour deux raisons. Tout d’abord nous n’avions pas envie de nous retrouver dans un lieu sombre et confiné face à face avec le sosie du parrain. Et surtout cela faisait belle lurette que nous n’avions plus d’argent liquide en euro dans nos poches. Heureusement dans cette situation il existe une solution miracle. Il suffit de se connecter au site Internet smallworldfs.com pour acheter de l’argent liquide en ligne. Exactement comme on ferait un achat sur Internet, il faut indiquer la somme en euros qu’on souhaite changer en pesos argentins, de rentrer son numéro de carte bleue et 24-48h plus tard il est possible de retirer dans une banque partenaire les devises locales. Le taux de change est très proche de celui pratiqué dans la rue. D’ailleurs ce site fonctionne pour une grande majorité de devises dans le monde et permet de contourner les marges honteuses que se font nos banques françaises lorsque nous changeons de l’argent.      

 

Une fois les poches bien remplies nous avons pris le bus. Et quel changement avec la Bolivie ! Ici les bus ont 2 étages, la climatisation, la télé, des distributeurs d’eau et les sièges sont d’un confort royal. En plus les routes sont en parfait état. Un vrai plaisir pour nos postérieurs. Mais malgré toute cette modernité dans les transports on n’avance pas beaucoup plus vite qu’en Bolivie. Cela peut même être une cause de ralentissement comme la fois où le filtre de la climatisation de notre bus a pris feu. On vous rassure, on n’était pas au stade des grandes flammes s’échappant de toute part du bus mais une épaisse fumée noire a quand même obligé notre chauffeur à sortir son extincteur de secours. Et puis les nombreux barrages policiers ne font pas gagner du temps non plus. Ces derniers obligent souvent les passagers à descendre du bus et à récupérer leurs bagages pour être fouillés. Et bien sûr, vous l’aurez compris, plus on a de boliviens dans le bus et plus le contrôle prend de temps.

 

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On a failli finir en mechoui

 

Mais tout cela nous a permis de profiter plus longuement des paysages environnants. Nous avons en effet longé durant quelques jours la quebrada de Humahuaca faisant des arrêts aux endroits les plus jolis. Il est assez difficile de dire ce qu’est une quebrada car il n’existe aucune traduction française mais en gros cela ressemble à une vallée plus ou moins large. Tout le charme de la quebrada de Humahuaca réside dans la variété de couleurs dont se parent les montagnes délimitant cette vallée. Du rouge au jaune en passant par le vert, le violet ou le gris, toutes les couleurs y passent. Elles sont données par la nature de l’oxyde contenu dans la roche. Ainsi l’oxyde de fer donne une couleur rouge alors que l’oxyde de cuivre teint la roche en vert,… Les couches géologiques aux teintes variées s’empilent les unes sur les autres. Ce festival de couleurs atteint son paroxysme à la bien nommée « Cerro de los siete colores » (la montagne aux sept couleurs) dans la ville de Purmamarca. Ici une subtile alchimie entre la roche et l’arc-en-ciel a fait surgir des entrailles de la Terre une petite colline à la beauté inégalable dont il est possible de faire le tour à pied. La ville en elle-même est également charmante avec ses rues en terre et ses nombreuses boutiques d’artisanat. Les villes de Maimara, Tilcara et Humahuaca avec respectivement son cimetière érigé face à une falaise aux mille couleurs, son ambiance bohème et son agréable place centrale valent également le détour.

 

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Vue panoramique sur une partie de la quebrada de Humahuaca

 

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Les morts ont une belle vue coloree a Maimara

 

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L'homme aux 2 couleurs devant la montagne aux 7 couleurs

 

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La montagne aux 7 couleurs

 

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Au milieu de toutes ces couleurs, la mairie blanche de Humahuaca contraste avec le decor

 

Puis nous avons quitté la quebrada pour rejoindre la ville de Salta. Très appréciée des touristes pour son architecture coloniale remarquablement préservée, nous y avons surtout profité de sa gastronomie. C’était en effet la première ville argentine digne de ce nom sur notre parcours. Nous avons donc saisi l’occasion pour écumer les multiples restaurants de la ville et nous faire péter le bide avec les délicieuses « empanadas saltenas », sorte de petit chausson fourré à la viande, au fromage, au poisson ou encore aux légumes, la spécialité culinaire de Salta. Mais surtout nous n’avons pas résisté à la tentation de rentrer dans une « churrasqueira », véritable institution en Argentine. Ces restaurants sont spécialisés dans la viande cuite au barbecue dont les argentins raffolent. Cela explique pourquoi ce sont les plus gros consommateurs de viande au monde avec environ 60 kilos annuel par habitant (la moyenne mondiale tourne autour des 40 kilos annuel). Mais il faut dire que leur viande est succulente et réputée une des meilleures au monde. Vu l’immensité de leur territoire, les « gauchos » (sorte de cow-boys) peuvent facilement faire pâturer leur bétail dans les plaines s’étendant à perte de vue. De notre côté nous nous sommes laissés tenter par la spécialité nationale : la « parilla ». Ce plat consiste en un mélange de différentes parties de la vache en allant de la délicieuse entrecôte aux intestins un peu moins appétissants en passant par les reins ou le cœur. Le tout est apporté sur un mini-barbecue pour maintenir la viande au chaud et accompagné d’environ 5 frites par personne. Végétariens s’abstenir ! Pour nous c’était un délice de pouvoir savourer à nouveau de la viande saignante et juteuse après plusieurs mois à mastiquer de la semelle trop cuite.

 

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Un repas comme on les aime: aucun legume et de la viande bien saignante

 

Pour digérer nous avons pu le soir boire un « mate de yerbas » (thé aux herbes). En Argentine c’est la boisson nationale. Il est fréquent de croiser dans la rue des gens tenant à la main une tasse dans laquelle infusent des herbes dans de l’eau chaude. Comme les herbes sont en suspension dans l’eau (elles ne sont pas contenues dans un sachet), ils boivent avec une sorte de paille en métal se terminant par de nombreux trous faisant office de filtre. Dans l’autre main ils tiennent un thermos d’eau chaude pour remplir leur tasse quand elle est vide. Bizarrement il est quasiment impossible de goûter à cette boisson dans les bars et restaurants. Nous avons donc demandé au gérant de notre hôtel de nous en préparer une tasse. Et devinez quoi, cela a le goût … d’herbe dans de l’eau.

 

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So british! Sabrina leve meme le petit doigt quand elle boit son the

 

Puis nous avons visité le musée de haute montagne (MAAM) localisé dans le centre de Salta, juste à côté de la magnifique cathédrale tout de rose vêtue. En effet, même si Salta n’est située qu’à un peu plus de 1 000m d’altitude, elle est entourée par de nombreuses montagnes, toutes plus hautes les unes que les autres. Parmi ces dernières figure le volcan Llullaillaco, le 3ème plus haut volcan actif au monde culminant à plus de 6 700m. En 1999 des alpinistes archéologues y ont découvert 3 momies incas datant de plus de 500 ans. Le froid les a tellement bien conservé que leurs peaux et cheveux ne semblent avoir aucunement subi les ravages du temps. L’une d’elles est exposée dans le musée à l’intérieur d’un caisson en verre réfrigéré. A l’observer de près on a l’impression que malgré ses 500 ans elle pourrait se réveiller à tout moment tellement elle paraît … vivante. Ce musée très bien conçu relate en détails les sacrifices humains régulièrement fait par les incas au sommet des plus hautes montagnes afin de se rapprocher au plus près du soleil. Cela servait à calmer la colère de la Nature en cas de forte sécheresse par exemple. En général des enfants issus de familles nobles étaient les victimes de ces sacrifices mais cela était apparemment reçu comme un privilège à cette époque. Ils portaient pour l’occasion de magnifiques vêtements et bijoux mais c’est surtout leur sang pur qui était vu comme la plus belle des richesses. Une culture et des croyances totalement éloignées de notre monde moderne, comme quoi les mentalités peuvent très rapidement changer.

 

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La cathedrale de Salta version Barbie

 

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De nuit ca a quand meme plus d'allure

 

Depuis Salta nous avons ensuite effectué une excursion organisée à la journée dans une autre quebrada, celle de Cafayate. Nous nous sommes ainsi rendus compte que le service apporté aux touristes en Argentine est bien meilleur que dans les autres pays d’Amérique du sud. Alors qu’aux Galapagos on sentait une bonne dose de désorganisation, que dans le salar d’Uyuni en Bolivie il fallait tirer les verres du nez à notre guide pour obtenir des informations, nous avons ici eu droit à un service VIP. Le conducteur était à l’heure, le minibus très confortable et le guide donnait en permanence des explications et anecdotes sur les lieux visités. Mais le plus surprenant pour nous étaient nos compagnons d’excursion. Pour une fois nous n’étions pas entourés d’occidentaux. Le minibus était au contraire rempli d’argentins pure souche avec leur tasse dans la main et leur thermos sous le bras. Un vrai changement par rapport aux autres pays visités !  

 

Bien que moins spectaculaire en couleurs, cette quebrada renfermait toutefois de surprenantes formations géologiques. L’  « amfiteatro » était notamment très impressionnant car il donnait l’impression d’être dans une salle circulaire à ciel ouvert creusée dans la roche par laquelle on entrait grâce à un étroit corridor. Cela crée une très bonne acoustique et nous avons d’ailleurs eu droit à une musique jouée à la flûte de pan. A l’extrême sud de la quebrada nous sommes arrivés à Cafayate. Cette ville doit sa renommée à ses vignobles produisant un vin de bonne qualité. Nous avons ainsi profité d’une visite et d’une petite dégustation de vins blanc et rouge.

 

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La quebrada de Cafayate

 

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Le relief est tres accidente

 

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L'entree de l'amfiteatro

 

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En France on plante des rosiers au bout des rangees de vignes. En Argentine ce sont des cactus

 

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On se croirait presque en France

 

De retour à Salta nous avons décidé de ne pas poursuivre davantage notre descente vers le sud du continent américain. Bien que la beauté des paysages de la Patagonie et de la Terre de Feu ne soit plus à démontrer, nous étions un peu trop tôt dans la saison pour visiter ces deux régions. L’hiver austral était à son apogée et il nous aurait fallu patienter 3 mois pour trouver une météo plus clémente. De plus après plusieurs mois passés au milieu des Andes, nous avions maintenant envie de mer et de soleil. C’est donc sans aucune hésitation que nous avons pris la direction du Brésil. Trois bus et 24h de trajet plus tard, nous étions à Puerto Iguazu, la dernière ville argentine avant la frontière brésilienne. Mais avant d’aller danser la Samba nous ne pouvions manquer l’occasion de visiter les fameuses chutes d’eau d’Iguazu.

 

Inscrites au patrimoine mondial par l’UNESCO, elles sont souvent considérées comme faisant partie des plus belles chutes d’eau au monde. Il faut avouer que ces 275 cascades répartis en demi-cercle sur 3kms de long au milieu d’une jungle luxuriante est du plus bel effet. Quand on ajoute à cela le rugissement tonitruant provoqué par la chute de quelques 1,5 millions de litres d’eau par seconde d’une hauteur de 80m, ça devient décoiffant. Et lorsque les rayons du soleil viennent se marier avec la brume d’eau pour donner naissance à une multitude d’arcs-en-ciel, on se croirait plongé en plein milieu d’un conte de fées. Durant une journée nous avons ainsi arpenté les différents sentiers de ce parc national. Ils permettent à certains endroits d’avoir un panorama imprenable et à d’autres moments de s’approcher au plus près de ces immenses colonnes d’eau pour apprécier toute la puissance qui s’en dégage. La palme revient probablement à la cascade nommée la « garganta del diablo » (la gorge du diable) quand, à quelques mètres sous nos pieds, des milliers de litres d’eau entament une folle descente qui se terminera 80m plus bas. Ce spectacle de tous les instants attire chaque année des millions de touristes, au plus grand bonheur des coatis (sorte de raton laveur). Ces derniers en profitent pour se nourrir dans les poubelles ou piquer les glaces et autres paquets de chips dans les mains des enfants trop abasourdis pour se défendre. Leurs pleurs viennent alors se noyer dans le brouhaha ambiant et créent de nouvelles mini-chutes d’eau.

 

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Un vrai mur d'eau

 

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De pres c'est tout aussi impressionnant mais beaucoup plus humide

 

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Attention a ne pas tomber dans la gorge du Diable

 

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Ces coatis semblent avoir trouve un festin

 

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Ces papillons ont trouve le camouflage parfait

 

A la suite de cette visite il était déjà temps pour nous de quitter l’Argentine pour rejoindre le Brésil. Le trajet n’était plus très long car il suffisait simplement de traverser un pont bâti sur des eaux un peu plus calmes pour arriver sur le sol brésilien.  

 

 

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28/01/2016
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