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le monde à l'envers

De San Ignacio a Antigua

C’est juste avant la nuit que nous avons passé la frontière entre le Belize et le Guatemala. Après avoir payés les frais de sortie du Belize (officiels) et les frais d’entrée au Guatemala (non officiels mais cela ne se montait qu’à 2,5 euros par personne donc nous n’avons pas trop protesté), nous étions revenus dans un pays hispanophone. Dès les premiers coups de pédales dans ce nouveau pays nous avons tout de suite retrouvé l’ambiance du Mexique qui nous avait tant manquée durant les 10 jours passés au Belize. A nouveau les haut-parleurs placés devant les commerces émettaient de la musique entrainante, les femmes tapaient leurs mains en rythme pour aplatir les tortillas avant de les faire cuire et l’odeur de la viande grillée émanait des gargotes placées le long de la rue. Les changeurs d’argent au noir présents  par dizaines dans cette ville se baladaient quant à eux avec d’énormes liasses de billets en nous demandant si nous n’avions pas des dollars à échanger. Toutefois nous n’avons pas eu le temps de trop nous attarder car la pluie approchant à grands pas nous a obligés à trouver rapidement un hôtel.

 

Malheureusement pour Sabrina elle n’a pas pu profiter de cette ambiance le lendemain non plus car pas encore remise de son indigestion à la noix (de coco), elle a passé toute la journée au lit. Le surlendemain nous pouvions reprendre le vélo en direction d’El Remate, une petite ville tranquille localisée sur les rives du lac Peten Itza. Outre la baignade au milieu de la vase, cette ville constitue un bon point de départ pour visiter Tikal, un site archéologique Maya. Bien que nous ayons eu notre dose de vieilles pierres au Mexique, nous ne pouvions pas manquer la visite des ruines les plus connues du Guatemala. C’est donc à 6h le lendemain matin que nous avons commencé à arpenter ce site immense où il faut parcourir au minimum 10kms pour voir les principaux bâtiments. Nous n’avons d’ailleurs pas effectué cette visite seuls car nous étions en compagnie de Catherine et Clément, un couple parisien rencontré dans le bus nous conduisant à Tikal.

 

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Le lac Peten Itza n'est pas borde par une plage de sable blanc mais c'est quand meme agreable de s'y baigner apres une chaude journee de velo 

 

Nous n’avons pas été déçus de nous lever aux aurores. Outre le faible nombre de touristes à cette heure matinale, nous avons également pu observer la faune locale beaucoup plus active aux premières lueurs du soleil. Des coatis (sorte de renard avec un long museau), un toucan, une tarentule et une pléiade de singes hurleurs et de singes araignées ont ainsi égayé les premières heures de visite. Il faut en effet savoir que Tikal a pour caractéristique d’être situé en plein milieu de la jungle d’El Péten permettant aux visiteurs de se prendre pour des Indiana Jones. La deuxième caractéristique de Tikal concerne l’architecture de ses pyramides. Ces dernières sont tellement hautes que leurs sommets s’élèvent au-dessus de la canopée. Ainsi, en grimpant au sommet de n’importe laquelle, on peut voir les autres pointer le haut de leur tête au-dessus de la forêt. Une vision impressionnante quand on sait que les Mayas n’utilisaient ni la roue, ni les poulies pour bâtir leurs édifices.

 

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Encore et toujours des ruines mayas 

 

Le lendemain nous avons longé les rives du lac Péten Itza sur quelques dizaines de kilomètres pour rejoindre la ville de Florès, ou plutôt devrait-on dire l’ile de Florès. Cette ville est en effet située sur un petit morceau de terre situé au milieu du lac et relié seulement par un pont à la terre ferme. Cette proximité avec le lac n’est d’ailleurs pas une très bonne chose car ses eaux ont monté de plus de 3 mètres lors de la saison des pluies de l’année précédente inondant une rue qui est encore inaccessible aujourd’hui. Notre arrivée dans cette ville a coïncidé avec la semaine sainte, une fête religieuse très importante pour les guatémaltèques durant laquelle ils prennent tous plusieurs jours de vacances. Nous avons pu assister à plusieurs processions durant lesquelles une foule se dirige vers une église en portant un Saint et en piétinant sur leur passage des « alfombras », c’est-à-dire des dessins très colorés réalisés à même le sol à l’aide de fleurs, de mousse et de terre. Le tout accompagné par une fanfare. Même si nous ne sommes pas très portés sur le Christianisme cette ambiance festive nous a beaucoup plu. De notre côté nous avions une autre fête à célébrer puisque notre passage à Florès coïncidait avec nos 1 an de voyage. Nous avons pu trinquer au bord du lac avec chacun une margarita accompagnés de Catherine et Clément que nous avons par hasard retrouvés à Flores ainsi que de Lothar, un voyageur allemand rencontré quelques jours plus tôt au Belize.

 

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Apparemment le christianisme n'est pas encore sensibilise au probleme de scoliose infantile

 

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Une alfombra avant d'etre pietinee par les pelerins

 

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On a un peu triche, on a bu 2 verres chacun pour nos 1 an de voyage. Qu'est-ce-que ca va etre pour les 2 ans de voyage?

 

Mais même avec l’expérience acquise durant 1 an de voyage on fait encore des erreurs de parcours. On avait probablement mis un peu trop d’espoir dans le gouvernement guatémaltèque (le gouvernement le plus corrompu d’Amérique central et pourtant il y a de la concurrence dans la région) pour construire des routes impeccables. En effet les 100 premiers kilomètres dans ce pays avaient été parcourus sur un très bon enrobé. C’est donc sans hésitation que nous avons suivi la route la plus directe sur notre GPS pour atteindre la ville suivante. Ce fut au final un très mauvais choix car cette route, ou plutôt ce chemin, était en terre, très caillouteux et avec d’énormes nids de poule. Après 30kms dans ces conditions nous avons finalement rejoint avec bonheur une route goudronnée. Le soir même nous sommes arrivés dans la ville de Sayaxché en bac, le gouvernement n’ayant apparemment pas jugé utile de construire un pont au-dessus de la rivière jouxtant cette ville.

 

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On a eu la chance de traverser cette piste en terre quand il y avait du soleil...

 

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...Ca aurait ete beaucoup moins marrant sous ce deluge

 

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C'est bientot notre tour de traverser la riviere

 

Au fur et à mesure que nous progressions vers le Sud, le paysage prenait de plus en plus de relief. Autrement dit finies les lignes droites et plates du Yucatan et du Belize et bonjour les côtes. Et au Guatemala les côtes ressemblent à des murs. Les cyclistes rencontrés au préalable nous avaient prévenus sur les montées très abruptes dans ce pays. Et par montées abruptes, on entend des pourcentages de 12% pouvant atteindre jusqu’à 16% dans les virages. Pour donner un ordre d’idée cela est plus raide que les pentes du Ventoux ou de l’Alpe d’Huez. Lorsque ces côtes de malade se limitent à quelques centaines de mètre de distance, ça passe encore. Mais lorsqu’il faut appuyer très fort sur les jambes durant plusieurs kilomètres et sous une chaleur de 30°C, ça casse, ou plutôt ça coince. C’est ce qui nous est arrivé sur la route entre Chisec et Coban. Heureusement les charmes d’une Sabrina, même en sueur, opèrent toujours sur les conducteurs de pick-up et il nous aura fallu moins de 5 minutes à faire du stop pour charger nos vélos à l’arrière d’un de ces engins. Il n’y avait d’ailleurs pas que les vélos à l’arrière car nous les avons rejoints, toutes les places assises étant prises. Après plus de 2h de pick-up et plus de 1000m d’altitude gagnés, nous sommes arrivés à Coban sous le « chipi-chipi » comme ils l’appellent ici, c’est-à-dire une fine bruine semblant avoir élu domicile dans cette région montagneuse. Apparemment les caféiers adorent ça car de nombreuses plantations sont implantées dans cette région.

 

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Etape 1: Les cotes raides du Guatemala font suer Sabrina

 

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Etape 2: Sabrina decide de faire du stop

 

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Etape 3: On finit avec les velos a l'arriere d'un pick-up. Le tout aura dure moins de 5 minutes

 

Avant de quitter Coban nous avons pris soin de demander l’état de la route conduisant à Uspantan, la prochaine ville sur notre itinéraire. Et bien nous en a pris car on nous a dit que les 40 premiers kilomètres n’étaient pas goudronnés et avec quelques bonnes montées. Nous avons du coup chargés les vélos et les sacoches sur le toit d’un mini-bus. C’est le principal moyen de transport dans cette région montagneuse et les barres de toit permettent de tout transporter, les vélos ne faisant pas exception à la règle. Les 80kms ont finalement pris 3h, le mini-bus n’ayant jamais dépassé les 25km/h, soit à cause de l’état pitoyable de la route où les nids de dinosaures ont remplacé les nids de poule, soit à cause des côtes très raides qu’il n’est possible de grimper qu’en première, soit à cause des descentes tout aussi raides qu’on ne peut passer qu’en seconde vitesse sous peine de trop user les freins.

 

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Si on n'a pas assez de force dans les jambes pour pedaler, il faut toutefois avoir assez de force dans les bras pour hisser les velos sur le toit

 

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En mini-bus, il faut aussi faire tourner le bras rapidement pour vite fermer la fenetre. Au final on va revenir en France avec des biceps plus gros que les cuisses

 

Nous avons ensuite absolument voulu faire à vélo les 40 kms suivants pour rejoindre Sacapulas même si nous savions que la route là-aussi était loin d’être plate. En effet même si physiquement difficiles ces régions montagneuses sont magnifiques par les paysages qu’elles offrent et surtout par les communautés Mayas qui les peuplent. Ces dernières ont conservé leurs traditions et ont encore été très peu touchées par le tourisme. En témoignent leurs tenues toutes plus colorées les unes que les autres. Chaque village possède ses propres couleurs. Cette tradition remonte au XVIème siècle quand les conquistadors espagnols voulaient être capables d’identifier rapidement le lieu de résidence de chaque habitant du Guatemala et avaient ainsi attribué un système de couleurs pour les tenues. En gros, les habitants de tel village devaient porter principalement du bleu tandis que ceux du village voisin étaient habillés en rouge par exemple. Cette règle a persisté au fil des siècles et les habitants de chaque village portent des vêtements dans les mêmes tonalités de couleurs. Il est toutefois assez marrant de noter que même dans ce système d’habillement assez cloisonné, la mode évolue quand même d’une année sur l’autre. Ainsi certaines années tel motif aura la cote alors que l’année suivante un autre motif prendra le dessus.

 

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Dans les montagnes, les champs sont encore cultives a la main

 

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Heureusement que l'appareil photo existe, ca donne une bonne excuse pour faire une pause au milieu d'une cote

 

Et puis les habitants de cette région ont su conserver leurs traditions à travers leur langue d’origine. Ainsi l’espagnol arrive toujours en second après le maya et les gens apprécient qu’on sache dire les mots usuels comme « Bonjour », « merci », « au revoir » dans leur langue. Le problème est qu’il n’existe pas un langage maya mais au moins 20 langages, tous très différents les uns des autres. En gros tous les 50 kms on change de dialecte. Nous qui avions voulu faire des efforts en commençant à apprendre quelques mots en Q’iqché, nous avons vite baissé les bras en apprenant cela. Il y a en tout cas un terme qui semble commun à tous les langages mayas et espagnol, c’est le mot « Gringo ». Quand on traverse cette région à vélo, il ne faut vraiment pas y être allergique car on l’entend à longueur de journée. Techniquement parlant, en tant que français, nous ne sommes pas vraiment des « Gringos » car ce terme désigne les américains, un peu comme nous appelons les anglais « Rosbeef ». Mais bon, c’est dur de leur en vouloir de ne pas arriver à faire la distinction entre les « ricains » et les « froggies ». Et puis ce terme est dans la majorité des cas utilisé amicalement par les enfants qui, en le prononçant, nous font un coucou de la main avec un large sourire. Dans de très rares cas les adolescents ou les adultes s’y mettent aussi mais cela semble alors plus péjoratif, en témoignent les très rares jets de pierre ou même de pastèque (ils ne devaient pas avoir de tomate sous la main) que nous avons esquivés. Mais dans la très grande majorité des cas les habitants sont très accueillants. Toutes ces choses à observer nous ont presque fait oublier la difficulté du relief. On dit bien presque.

 

Le lendemain nous avons pris une journée de repos pour nous rendre en mini-bus dans la ville de Nebaj. Pierre-Jean a d’ailleurs compris pourquoi les guatémaltèques sont si petits. Cela leur permet de voyager debout dans les mini-bus surchargés sans être pliés en deux. La ville de Nebaj et la région l’entourant sont tristement rentrées dans l’histoire au début des années 1980 avec le massacre de plus de 20 000 personnes et la destruction de plusieurs villages. En effet le Guatemala est entré au début des années 1960 dans une guerre civile ayant pour principale cause la mauvaise répartition des ressources du pays. Les plus riches devenaient plus riches et les plus pauvres devenaient plus pauvres. Des mouvements de révolte de la part des populations mayas vivant dans des conditions précaires ont été violemment réprimés par l’armée. Ce n’est qu’en 1996 qu’un traité de paix officiel a été signé accordant plus de droits pour les mayas et de meilleures infrastructures dans les villages. Mais le bilan de cette guerre civile reste malgré tout lourd puisqu’elle a fait plus de 200 000 victimes, la plupart étant des hommes d’origine mayaLes habitants du Guatemala semblent reprendre petit à petit foi dans les politiques. En témoignent les noms des partis peints partout sur le bord de la route, sur les poteaux électriques et même sur les murs des maisons afin de faire de la propagande en vue des élections présidentielles qui se tiendront en septembre prochain. Cela semble être une lutte sans merci car les partisans s’acharnent à inscrire un maximum de fois le nom de leur parti en passant une couche de blanc sur le nom des autres partis. Après avoir vu défiler des milliers de poteaux électriques sur les quelques 500kms roulés au Guatemala, nous miserions personnellement bien quelques pièces sur la victoire du candidat « Lider ».

 

 

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Entre les cols et les noms peints sur la route, on se croirait presque sur le Tour de France

 

Malgré ce passé difficile la ville de Nebaj a su se redresser. Difficile d’imaginer les atrocités qui se sont passées ici quand on visite la ville. A la place, on voit une place centrale bien aménagée avec un marché très vivant dans les rues adjacentes. Nous avons d’ailleurs pu y gouter notre premier « Atol blanco », c’est-à-dire un velouté de maïs avec du sel, de la poudre ressemblant aux bouillons cubes et des biscuits apéritifs faisant office de croutons. Un délice pour à moins de 1 euro. Mais Nebaj est surtout connu pour les tenues traditionnelles portées par les femmes. Hormis la jupe et la tunique à prédominance de rouge, les habitantes de cette ville sont réputées pour s’enrouler dans les cheveux un ruban orné de pompons. Cela leur donne un look très stylé mais Sabrina a résisté à l’envie de s’en acheter un, ce serait un peu difficile à porter en France.

 

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Apparemment cette femme de Nebaj a fait de bonnes affaires au marche

 

Nous avons ensuite repris le vélo pour rejoindre la ville de Quiché (non ce n’est pas dans la Lorraine) 50kms plus loin. Plutôt Pierre-Jean a repris le vélo car Sabrina a préféré y aller en bus. Et bien lui en a pris car le relief était très montagneux avec plus de montées que de descentes et des pourcentages de pente toujours aussi élevés. Le lendemain nous avons ensembles fait les 20 kms à vélo pour rejoindre la ville de Chichicastenango. Cette ville est connue pour posséder l’un des marchés les plus typiques du pays attirant tous les dimanches les vendeurs des villages alentours. Et ça tombait bien car nous sommes arrivés le samedi après-midi. Nous avons ainsi pu observer les commerçants installer dans toutes les rues de la ville leurs stands. Le dimanche les étales étaient remplies de vêtements traditionnels colorés, de fruits, de nourriture conférant à ce marché une ambiance particulière. Cela attire les touristes étrangers mais aussi beaucoup de guatémaltèques. Les commerçants n’hésitent du coup pas à tripler les prix et il faut négocier dur pour faire des achats.

 

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Il n'y a pas de doute, les prochains kilometres ne seront pas plats

 

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Quand on achete un vetement au Guatemala, ce doit etre ensuite un vrai casse-tete pour faire une lessive en triant les couleurs

 

Dans cette foule de personnes nous avons par hasard retrouvé Louise et Louis dont nous avions fait la connaissance quelques semaines plus tôt au Belize. Nous avons ainsi déambulé ensemble entre les étales et nous avons fait une petite visite du cimetière. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, c’est loin d’être glauque car, tout comme au Mexique, les tombes sont peintes avec des couleurs très vives donnant un côté joyeux à ce lieu. De plus l’architecture de certains tombeaux est vraiment très recherchée, certains ressemblant presque à de vrais châteaux. Et le dimanche de nombreuses cérémonies shamaniques y sont pratiquées. Les gens voulant gagner plus d’argent, souhaitant le rétablissement d’un de leurs proches ou alors espérant passer de bonnes vacances par exemple font bruler de l’encens et tout un tas d’autres choses dans des lieux prévus à cet effet.

 

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Le cimetiere est a l'image du marche, tres colore

 

Le lendemain nous avons une nouvelle fois affronté sur nos montures les terribles montagnes du Guatemala pour rejoindre Panajachel, une ville située au bord du supposé magnifique lac Atitlan. Ce lac entouré par de nombreux volcans est considéré comme l’un des plus beaux au monde grâce aux magnifiques panoramas qu’il offre. Et normalement la route par laquelle nous sommes arrivés devait nous offrir un de ces magnifiques panoramas car elle nous faisait arriver 1000m au-dessus du lac avant de descendre de manière vertigineuse vers ses rives. Malheureusement nous sommes arrivés un après-midi de brume et si nous n’avions pas su qu’il y avait un lac ici, nous l’aurions difficilement deviné. D’ailleurs, durant toute la semaine où nous sommes restés à Panajachel, nous n’avons eu qu’une seule fois une très belle vue sur le lac et les volcans l’entourant. Le reste du temps une brume causée par les fortes chaleurs du mois d’Avril rend la visibilité beaucoup moins bonne. A partir du mois de Mai les fortes pluies raffraichissent l’atmosphère et permettent à nouveau de profiter des paysages grandioses de ce lieu. Mais bon nous sommes déjà restés une semaine et nous n’allions quand même pas attendre un mois.

 

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Vue sur le volcan San Pedro

 

Nous avons en effet décidé de rester une semaine dans cette petite ville touristique pour prendre des cours d’espagnol. Vu que tous les deux nous ne parlions pas du tout espagnol avant d’arriver au Mexique et malgré les progrès faits après 4 mois de voyage en Amérique centrale, nous avions quand même besoin de quelques cours. Nous sommes donc retournés durant 5 jours à l’école à raison de 4h de cours journaliers avec une professeur rien que pour nous 2. Cela en valait vraiment la peine car nous avons pu étudier dans un cadre idyllique au milieu des colibris avec une enseignante très patiente et pédagogue. Grace à cela nous savons maintenant à peu près parler au passé et au futur. 

 

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Comme vous pouvez le constater, aucun d'entre nous ne porte de bonnet d'ane

 

En dehors des cours nous avions le temps de profiter de la ville et de visiter les autres villages répartis autour du lac. L’état des routes autour du lac laissant à désirer, la plupart des gens se déplacent en bateau. Il faut dire que le lac ne fait que 18kms de long pour 8kms de large donc c’est assez rapide de le traverser. Nous avons ainsi pu découvrir la poterie et les tenues traditionnelles bleues du village de San Antonio Palopo, l’univers très zen et propice aux cours de yoga et de méditation de San Marcos, les peintures très colorées de San Juan, l’ambiance jeune et fêtarde de San Pedro et le visage encore très traditionnel et peu perturbé par le tourisme de Santiago Atitlan. C’est d’ailleurs dans ce dernier village que nous avons rendu visite à San Simon, l’un des Saints les plus révérés par les Mayas. Il est incarné en une poupée avec un chapeau sur la tête, un énorme cigare dans la bouche et une bouteille d’alcool dans la poche. De nombreuses bougies brulent à ses pieds et les habitants viennent faire des prières et des offrandes. De notre côté nous avons trouvé cela assez flippant de nous retrouver dans une pièce sombre avec une poupée ressemblant à Chunky. Elsa et Charly avec qui nous avons visité ces petits villages partageaient également cet avis.

 

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Les habitants de San Antonio ont des airs de Schtroumpfs

 

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On dirait presque un film d'horreur

 

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Attention a la marche ... et a la corbeille de fruits aussi

 

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Le volcan San Pedro vu de pres

 

Tous ces villages sont habités par 2 communautés très distinctes : les locaux et les touristes. Ces derniers se concentrent en général proches du lac où l’on trouve la plupart des hôtels, bars et restaurants. Les locaux préfèrent quant à eux se reculer un peu plus sur les flancs des montagnes environnantes où l’on trouve en général les marchés traditionnels. C’est probablement une stratégie plus sure car les eaux du lac ont tendance à monter depuis quelques années. Dans l’histoire il y a en effet eu plusieurs cycles de montées et de descentes du niveau de l’eau. L’explication la plus plausible est qu’une immense poche de gaz située sous le lac se gonfle ou se dégonfle suivant les périodes. En ce moment elle doit être bien gonflée car plusieurs constructions ont les pieds dans l’eau et certains hôtels de luxe doivent prier très forts pour qu’elle se dégonfle bientôt. Quoiqu’il en soit la cohabitation entre les touristes et les locaux semblent bien se passer. Les guatémaltèques semblent commencer à comprendre que les touristes apportent beaucoup d’argent avec eux. Et puis le tourisme a de bons côtés car il permet de conserver les traditions. En effet, s’il n’y avait pas autant de gringos à acheter des tenues traditionnelles, la technique du tissage se perdrait probablement assez vite car deviendrait moins rentable.

 

Après une semaine de repos il a fallu quitter Panajachel et le lac Atitlan. Oui mais par quelle route ? Celle par laquelle nous sommes arrivés et qui prend plus de 1000m d’altitude en 15km et constitue un détour ? Ou alors l’autre route plus courte que nous ne connaissons pas mais qui présente encore plus de dénivelé et que tous les locaux nous déconseillent car étant potentiellement dangereuse ? En effet, bien que nous ne nous soyons jamais sentis en insécurité au Guatemala, ce pays est quand même assez connu pour avoir un nombre élevé d’attaques à main armée. Dans ce pays tout un chacun peut posséder une arme à feu et certains en profitent pour braquer des bus ou des touristes isolés. Les alentours du lac Atitlan sont assez sujets à ces pratiques même si d’après la Police locale cela est de moins en moins le cas. Devant ces 2 possibilités peu alléchantes, nous avons opté pour une troisième option peut-être encore plus dangereuse : prendre une camionetta ou plutôt un chicken bus (« bus poulet ») comme les appellent les touristes.

 

On ne sait pas trop d’où vient le terme chicken bus mais on pense qu’il y a 2 possibilités. Soit cela fait référence à la capacité qu’ont les locaux de s’entasser dans ces bus faisant penser aux poulets entassés dans les fermes d’élevage intensif. On a des fois vu des bus tellement pleins que certains passagers situés au niveau des portes avaient le corps totalement à l’extérieur et seul le bout de leurs pieds posés sur la dernière marche et leurs mains s’accrochant aux montants de la porte leur permettait de ne pas tomber à l’extérieur. Une vraie performance d’équilibriste. La deuxième raison pour ce nom est peut-être la chair de poule (chicken pox en anglais) apparaissant sur les bras des touristes à chaque virage que le conducteur décide de prendre sans freiner. Un vrai manège à sensations où on est en permanence chahuter de gauche à droite (on n’imagine même pas ce que ressent le pauvre monté en dernier avec le corps à l’extérieur). Car il faut dire que ces vieux bus scolaires américains ont une deuxième vie ici après avoir été totalement modifiés. Leurs moteurs sont en effet tellement puissants qu’ils peuvent doubler sans problème des voitures dans des côtes à 14%. Au passage un épais nuage noir sort du pot d’échappement et le cyclotouriste pris dans ce brouillard artificiel se demande s’il ne va pas mourir d’un cancer du poumon dans les minutes suivantes. Mais il n’y a pas que le moteur qui est rendu plus puissant, le klaxon semble lui aussi avoir pris plusieurs dizaines de décibels. C’est apparemment indispensable dans les descentes et les montées quand le chauffeur décide de prendre le virage en pleine gauche pour perdre le moins de vitesse possible. Au moins le conducteur arrivant dans l’autre sens est prévenu à travers les coups de klaxon qu’il ferait mieux de s’arrêter s’il ne veut pas prendre un bus en pleine face. Mais les modifications ne s’arrêtent pas là, elles passent aussi par la peinture de la carrosserie. Finie la couleur jaune, ils sont repeints avec des flammes ou des têtes de requins leur donnant l’allure de vraies machines de guerre. Et pour compléter le tableau, une phrase est en général peinte sur la moitié supérieure du pare-brise disant « Dieu est mon guide » ou alors « J’ai foi en Dieu ». Et quand on demande aux guatémaltèques s’ils ne trouvent pas que les conducteurs de ces bus vont un peu trop vite, ils nous répondent : « pas de problème, Dieu nous protège ». C’est très rassurant...

 

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Les bus scolaires americains sont plutot monotones par rapport a ces chicken bus

 

Il est vrai qu’on grossit un peu le trait mais les touristes ne sont en général pas très rassurés de monter dans ces bus et beaucoup choisissent d’emprunter des mini-vans qui sont 2 ou 3 fois plus chers. De notre côté on s’est dit que notre voyage au Guatemala ne pourrait pas être complet tant qu’on n’aura pas testé l’un d’entre eux. C’est pourquoi nous avons choisi ce moyen de transport pour rejoindre la ville d’Antigua. Peut-être avons-nous eu de la chance mais notre bus était loin d’avoir atteint sa capacité maximale de passagers. Et bien que le conducteur allait vite, nous étions loin d’être effrayés, Sabrina s’étant même endormie. Par contre arrivé au croisement menant à Antigua, il a finalement décidé de ne pas aller dans cette ville car cela lui faisait un détour et tous les autres passagers hormis nous et 2 autres gringos se rendaient à Guatemala city. Il nous a donc laissés sur le bord de la route et nous avons fait les 20 derniers kilomètres à vélo. Cela ne nous dérangeait pas trop car cet endroit était sécuritaire et les plus grosses côtes étaient derrière nous.

 

Nous avons passé les 2 journées suivantes à explorer les ruelles d’Antigua en compagnie de Charly et Elsa que nous avons retrouvés là-bas. Cette ville est en effet connue pour présenter la plus jolie architecture coloniale du Guatemala. Il n’y a pas trop de mal à ce sujet car les villes au Mexique étaient beaucoup plus jolies que celles au Guatemala. Mais il faut admettre qu’Antigua présente un charme certain. Les rues sont pavées. La place centrale est très bien aménagée. Les maisons sont très colorées. Le marché est immense et rempli de produits locaux. Et les églises dans des états de dégradation plus ou moins avancée sont très nombreuses. Pour info Antigua a pendant longtemps été la capitale de l’empire espagnol en Amérique centrale. Toutefois cette ville est très exposée aux tremblements de terre et après celui de 1773 qui l’a presqu’entièrement détruite pour la énième fois, la capitale a été déménagée à Guatemala City, pourtant à seulement 50kms de là mais beaucoup moins exposée aux séismes. De ce fait beaucoup de monuments (surtout des églises) ont été laissées en ruines. Aujourd’hui Antigua connait un fort regain car beaucoup d’expatriés en font leur lieu de résidence et les touristes arrivent en masse. Cet afflux d’argent lui redonne une nouvelle jeunesse.

 

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L'architecture colonial d'Antigua

 

Outre son architecture, le charme d’Antigua est aussi lié aux volcans visibles depuis n’importe quelle rue de la ville. Le volcan Agua culmine au-dessus de la ville et le volcan Fuego qui parfois crache ses cendres jusque sur Antigua est un peu plus en retrait. Malheureusement, tout comme autour du lac Atitlan, la brume était ici aussi très présente rendant difficile l’observation de ces volcans depuis la ville. Qu’à cela ne tienne, nous avons décidé avec Elsa et Charly de randonner sur les pentes du très actif volcan Pacaya. La dernière éruption date d’un an environ et la coulée de lave émise à ce moment-là est encore chaude. Il n’est malheureusement pas possible de voir de la lave en fusion mais par contre on peut y faire cuire ses chamallows. C’est délicieux ! Et même si pour des raisons de sécurité il n’est pas possible de monter jusqu’au cratère, on peut tout de même observer ce très joli cône volcanique tout noir, la végétation n’ayant pas encore eu le temps de repousser.

 

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Esperons que le volcan Pacaya ne decide pas de se reveiller aujourd'hui
 

La ville d’Antigua a marqué la fin de notre séjour au Guatemala. En effet, nous n’avons pas vu l’intérêt de pousser jusqu’à la capitale Guatemala City car cette ville a mauvaise réputation et présente peu de charme. A la place nous prendrons une navette nous emmenant directement d’Antigua à Léon au Nicaragua. Les mordus de géographie auront noté que nous ne traverserons pas le Salvador et le Honduras à vélo. Il y a 2 raisons à cela. Tout d’abord ces pays ne semblent pas trop apprécier les touristes. Rien n’est vraiment fait pour promouvoir le tourisme et les habitants ont même la réputation d’être un peu agressifs voire menaçants envers les étrangers. Pourquoi donc dépenser de l’argent dans des pays qui ne nous aiment pas ? Et puis nous ne sommes pas très en avance sur notre planning, la saison des pluies commençant à pointer le bout de son nez. Nous avons donc jugé préférable d’avancer un peu plus vite sur cette partie de notre trajet. 

 

 

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07/05/2015
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