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le monde à l'envers

De Paso Canoas a Panama City

Dans l’article sur le Costa Rica, nous écrivions que nous préférons les douaniers un peu corrompus à qui nous devons donner 2 ou 3 dollars. En général ils sont moins exigeants quant aux conditions d’entrer dans le pays. Lors du passage de frontière avec le Panama, la douanière était un peu trop corrompue car elle nous a carrément demandés 500 dollars pour nous laisser entrer dans le pays. « Pas de ticket de sortie du territoire, alors vous devez me donner 500 dollars si vous voulez obtenir le tampon sur votre passeport » disait-elle d’un ton méchant. Bien entendu il était hors de question que nous payions cette somme. Nous nous sommes alors expliqués. Comme à chaque fois, lorsqu’on ne cède pas dans les 5 premières minutes, ce sont eux qui finissent par céder. Nous avons donc eu droit à notre tampon d’entrée gratuitement. Si elle avait été un peu moins gourmande et nous avait demandé seulement 2 dollars, nous lui aurions sûrement donné. La gourmandise est un vilain défaut.

 

Nous avons ensuite pris … un bus pour nous rendre à David, la deuxième plus grande ville du pays située à 50 kms de là. Après une nuit à l’hôtel c’est également par un bus direct que nous nous sommes rendus à Panama City, la capitale. Pourquoi ne pas avoir visité plus amplement ce pays ? Plusieurs raisons. Tout d’abord nous commencions à en avoir marre de l’Amérique centrale et avions besoin de changement. De plus un ou deux gros orages s’abattaient quotidiennement sur la région depuis quelques jours et ces pluies diluviennes ne sont pas agréables à vélo. Et puis une seule route, la panaméricaine, relie David à Panama City. Elle est très empruntée par les camions et bus et il n’y a rien à voir le long. Il faut faire plusieurs dizaines voire centaines de kilomètres de détour pour accéder aux points d’intérêts de ce pays. En plus la panaméricaine était en travaux sur la moitié du trajet donc nous n’avons absolument pas regretté ce choix.

 

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Notre Rolls Royce pour aller jusqu'a Panama City. C'est quand meme beaucoup plus facile qu'a velo

 

Note pour le lecteur : A partir de ce point et pour les 5 paragraphes suivants, nous nous sommes un peu emballés sur l’histoire et la description du canal de Panama. Les personnes peu intéressées par ce sujet peuvent donc se contenter de lire les 3 derniers paragraphes de cet article.

 

Juste avant d’arriver dans le centre-ville de Panama City, nous avons franchi un pont enjambant le fameux canal de Panama. Des dizaines de cargos mouillaient au large en attendant de pouvoir passer de l’océan Pacifique vers l’océan Atlantique. Le canal sert en effet de lien entre ces 2 océans et évite aux géants des mers un détour long et dangereux par le cap Horn, tout au sud du continent américain. Depuis des siècles, toutes les grandes puissances européennes rêvaient d’un tel raccourci pour le transport maritime mais l’ampleur des travaux à réaliser les dissuadait rapidement de se lancer dans l’aventure. Ce sont finalement les français qui ont les premiers eu le courage de se lancer dans ce projet fou. Les premiers coups de pelle furent donnés 1er janvier 1882 sous la direction de Ferdinand Lesseps. Mais ce chantier colossal fut plus difficile que prévu, notamment à cause des trombes d’eau qui s’abattent sut cette région à la saison des pluies provoquant des glissements de terrain mais surtout à cause des maladies tropicales comme la fièvre jaune. Après plus de 20 ans à brasser des millions de tonnes de pierres durant lesquelles 5000 hommes ont perdu la vie (surtout des travailleurs provenant des Antilles), la compagnie française s’étant lancée dans cette aventure a dû définitivement abandonner le chantier.

 

Ce sont les américains, opportunistes, qui décidèrent à leur tour de relever le défi en 1903. En connaissance des difficultés rencontrées par les français, ils décidèrent de changer quelque peu la méthodologie. Tout d’abord, ils éradiquèrent totalement de la région le moustique capable de transmettre la fièvre jaune. Puis ils changèrent les plans réalisés par les français. Ces derniers voulaient créer un canal situé au niveau de la mer sur toute sa longueur. Pour les américains, c’était impossible et ils décidèrent à la place d’installer 3 écluses réparties sur les 80 kms que fait le canal et de créer un lac artificiel. Les écluses sont comme d’immenses réservoirs d’eau que l’on peut à souhait remplir ou vider permettant ainsi de monter ou de descendre les bateaux se trouvant à l’intérieur. En arrivant de l’océan Pacifique, les bateaux passent d’abord par l’écluse de Miraflorès qui les fait monter de 0 m à 16,5 m. C’est la plus connue des touristes car c’est ici qu’il est le plus facile d’observer ces énormes cargos faisant du yoyo. Lors des quelques minutes que prend le remplissage ou le vidage des écluses, matelots et touristes se font coucou. Deux mondes totalement différents qui ne peuvent communiquer que par des signes de mains. Assez frustrant car on aurait tellement de questions à leur poser à propos de leur quotidien en mer. Puis vient l’écluse de Pedro Miguel où les bateaux atteignent l’altitude maximale de leur trajet le long du canal, c’est-à-dire 26 m. Durant plusieurs dizaines de kilomètres, ils vont ensuite s’attacher à 2 petits bateaux les faisant naviguer sur les eaux du lac artificiel Gatun ayant vu le jour grâce à la construction d’un barrage. Arrivés près de l’océan Atlantique, l’écluse de Gatun les ramène de 26m au niveau de la mer. Ils peuvent alors naviguer sur les eaux de l’océan Atlantique et venir approvisionner les européens en produits chinois bon marché.

 

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Un bateau tire par des locomotives se presente au niveau de l'ecluse

 

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Le but est qu'il passe de la hauteur de droite a celle de gauche. Pour ce faire l'eau du lac (a droite) est videe dans la mer (a gauche)

 

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Le bateau au premier plan est maintenant au niveau de la mer. Le bateau au second plan doit quant a lui attendre que son ecluse se vide

 

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Bon vent !

 

Il faut noter que le passage des écluses n’est pas anodin. Pour les 3 écluses cumulées, cela provoque le relargage de 197 000 m3 d’eau douce (qui sert à remplir les écluses) dans l’océan. Sachant qu’environ 14 000 bateaux traversent le canal chaque année, on vous laisse compter combien de bouteilles d’eau sont ainsi perdues pour la consommation humaine. Ce système n’est possible que grâce au climat très humide du Panama durant la saison des pluies. Durant la saison sèche, la forêt tropicale située en bordure du lac Gatun relargue toute l’eau accumulée durant la saison des pluies, cette forêt jouant en gros le rôle d’éponge. Plus de forêt, plus de canal. Autant dire qu’ici personne ne songe à l’utiliser pour faire du bois de chauffe. Elle a d’ailleurs été classée parc nationale pour la protéger. Il n’en reste pas moins qu’au fil des années le lac se vide plus qu’il ne se remplit.

 

De plus les écluses ont une taille limitée. Par conséquent la taille des bateaux est elle aussi limitée. Les bateaux atteignant cette taille maximum pour le passage du canal sont appelés « Panamax ». Beaucoup de fabricants se basent sur ces dimensions pour construire leurs bateaux. Et on peut vous assurer que pour les bateaux de cette taille, il n’y a pas beaucoup de marge pour qu’ils ne touchent pas aux bords des écluses. Par conséquent ils s’amarrent à des sortes de petites locomotives présentes sur les bords de l’écluse. Ces dernières vont diriger le bateau durant la traversée de l’écluse, le capitaine du navire jouant alors le rôle de simple moussaillon. Les bateaux dépassant la taille Panamax (appelés Supra-Panamax) ne peuvent pas passer par le canal et doivent décharger tous leurs containers du côté Pacifique par exemple. Ces derniers sont chargés sur des wagons qui les acheminent du côté Atlantique où ils sont alors remis sur un autre bateau Supra-Panamax. C’est ce qui arrive de plus en plus souvent et c’est pourquoi le Panama est à l’heure actuelle en train de construire des écluses de tailles plus grandes. C’est en effet le Panama qui se charge de cet agrandissement car les Etats-Unis leur ont gentiment laissé les droits d’exploitation du canal en 2000 (Les Etats-Unis ont quant à eux exploité le canal de 1914, date de sa mise en service à 1999). Ce changement de propriétaire a provoqué un changement drastique dans les frais de « péage ». En effet, les américains n’avaient (pour une fois), aucune visée commerciale et faisait payer son usage à prix coutant. Les Panaméens veulent quant à eux faire du profit et les plus gros bateaux payent ainsi jusqu’à 150 000 voire 200 000 dollars pour parcourir ces 80 petits kilomètres. Les chinois sont de plus en plus en train de remettre en question ces montants faramineux et commencent maintenant à passer par le canal de Suez pour atteindre l’Europe, autrement dit ils passent maintenant par l’océan Indien. Ils projettent également de construire un second canal au Nicaragua, affaire à suivre.

 

Comme vous avez pu le constater au travers des paragraphes précédents, la visite de l’écluse de Miraflorès nous a absolument passionnés. Mais Panama ne se résume pas qu’au canal, il y a d’autres quartiers sympas à visiter. A commencer par Casco Viejo, là où nous résidions. C’est le quartier historique de Panama City. Au départ, les premières maisons avaient été construites à quelques kilomètres de là, à Panama Viejo. Mais suite à une attaque de pirates qui a laissé la ville en ruines, les habitants ont décidé de la reconstruire ici. Encore totalement délabré il y a quelques années, ce quartier subit une véritable cure de jouvence. Tous les bâtiments ont été ou sont en cours de reconstruction. Les maisons aux crépis refaits et aux balcons accrochés au premier étage confèrent un charme indéniable à cet endroit. C’est maintenant le quartier préféré des touristes. Mais comme dans toutes les grandes villes latino-américaines, les quartiers se suivent et ne se ressemblent pas. Ainsi, à quelques rues au nord de Casco Viejo se trouve un quartier aux maisons presqu’en ruines et à la réputation mal famée.

 

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C'est comme les photos pour les liftings. A droite: avant reconstruction, a gauche: apres reconstruction. 

 

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Il va y avoir du travail dans ce batiment !

 

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Le resultat est quand meme impressionnant

 

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L'art de melanger l'ancien et le nouveau

 

Panama City c’est aussi un énorme centre d’affaires international où d’immenses tours aux designs très originaux semblent pousser comme des champignons. Ce n’est pas pour rien qu’on appelle cette ville la « Little Miami ». Entre Casco Viejo et le quartier des affaires se trouve une très jolie promenade de 5 kms en bord de mer où piétons, joggers, rollers et cyclistes tentent tant bien que mal de s’éviter sous l’œil des petits bateaux de pêche. C’est vraiment un endroit très agréable où les panaméens aiment se retrouver. Nous y avons également passé de longues heures, soit à admirer le paysage, soit coincés sous un kiosque à attendre que la pluie cesse. Il ne faisait en effet plus de doute que la saison des pluies était maintenant bien installée.

 

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La-aussi les vieux bateaux de peches rouilles contemplent les nouveaux buildings d'acier

 

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La tour de la revolution, telle une vis plantee dans les nuages. C'est peut-etre pour ca qu'il pleut tous les jours?

 

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Un jour de pluie classique au Panama

 

Nous avons au final passés une semaine dans cette ville que nous avons appris à découvrir et à aimer. Pourquoi une semaine ? Tout d’abord nous y avons retrouvés Sophie et Franck, le couple de cyclistes français rencontrés quelques semaines plus tôt au Costa Rica. Nous savions que nous arriverions dans cette zone à peu près à la même époque et nous étions donc restés en contact par mail. Cela nous a permis de partager de délicieux repas, des conversations fortes intéressantes et les frais d’envoi de nos vélos en France. En effet nous commencions à être un peu lassés par faire quotidiennement du vélo. Les fortes chaleurs des derniers mois nous avaient usées et nous savions que les cols de la cordillère des Andes ne nous aideraient pas à nous reposer. Et puis voyager à vélo demande de faire des sacrifices en devant zapper certains sites intéressants à visiter car ils se situent trop loin de l’itinéraire. De plus cela nous permettait de tester un nouveau moyen de transport, autrement dit le bus, et ainsi de redonner un nouvel élan à notre voyage. De leur côté, Franck et Sophie partaient pour le Pérou où ils n’avaient que 6 semaines. Un peu juste pour faire ce pays immense à vélo, d’autant plus qu’il leur faillait une pièce de rechange pour leur vélo difficile à trouver dans cette région du monde. Nous avons donc fait un envoi groupé de 4 vélos pour la France. Sophie et Franck ont ensuite pris un vol pour Lima tandis que nous nous sommes envolés pour Quito, capitale de l’Equateur.

 

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Diner entre ex-cyclotouristes

 

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Les velos et le materiel de camping sont prets a etre renvoyes en France. Enfin presque...

 

 

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24/08/2015
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