De Palenque a Chetumal
C'est avec l'orage que nous sommes arrivés à Palenque. Heureusement pour nous, c'est lorsque nous étions assis au restaurant qu'il éclata. Et, l'expression "il pleut des cordes" a pris tout son sens. En effet, en quelques minutes, les routes étaient devenus des ruisseaux. L'orage s'est calmé après une trentaine de minutes mais la pluie fut tout de même présente tout le reste de la journée et quelques averses le lendemain. Cela ne nous a pas empêchés de visiter le site maya qui se trouve au milieu de la jungle à quelques kilomètres de la ville. L'architecture des pyramides et des différents édifices est très jolie mais c'est son environnement luxuriant qui lui confère tout son charme. De plus, le site possède un musée expliquant la construction de cette cité Maya. Il est également possible d'y découvrir un gigantesque tombeau en marbre orné de symboles mayas retrouvé récemment dans une chambre souterraine de la pyramide.
Les jardiniers Mayas devaient avoir du travail pour tondre la pelouse
Le lendemain de cette visite, le soleil était de nouveau de retour et il était temps pour nous de remonter sur nos vélos pour rejoindre la ville de Campeche, située sur le golfe du Mexique. En chemin, nous avons doublé un cyclotouriste qui avait comme plaque d'immatriculation la carte de France. Nous avons donc papoté un peu sur le bord de la route et avons décidé de prendre le repas du midi ensemble, même si pour lui, c'était son second! Jean-François a découvert le cyclotourisme au moment de sa retraite. Lors de ce périple, il a décidé de rallier le Québec à Cancun. Si vous voulez plus d'informations sur Jean-François, cliquez ici. Nous avons donc roulé 48h tous les trois et ensuite, nos routes se sont séparées. Nous rejoignions le golfe du Mexique et Jean-François, quant à lui, rejoignait la mer des caraïbes. Pendant ces 2 jours ensemble, nous avons pu apprécier les routes plates et rectilignes. Quel changement après le Chiapas. Nous avons également pu observer la faune locale. Ici, c'est iguanes et singes. C'est franchement sympathique de voir les singes passer d'arbre en arbre en se balançant d'une branche à une autre, tous à la queue-leu-leu. Les iguanes sont un peu moins rapides. Ils adorent se faire "dorer la pilule" au soleil. Nous avons également pu dormir chez l'habitant. Imaginez trois cyclotouristes dans le jardin d'une famille mexicaine, au milieu des poules, des coqs, des vaches, des chevaux, des chats, et du perroquet Paco de la famille. C'était le Ranch de Nöé!
Sabrina et Pierre-Jean faisant une pause banane dans les arbres
On espere que cet iguane a mis de la creme solaire
On n'a malheureusement pas eu suffisamment de temps pour apprendre a Paco a dire "bonjour"
De gauche a droite: Dudule, marguerite et Jean-Francois. Un trio de choc!
Une journée après avoir quitté Jean-François, nous avons pu découvrir le golfe du Mexique. Nous avons même pu bivouaquer 2 nuits de suite sur des plages desertes. C'est donc après avoir longé ces magnifiques eaux turquoises pendant deux jours que nous avons rejoint la ville de Campeche. Son centre historique est très connu pour ses magnifiques maisons aux façades colorées dans des teintes pastels. Ceci lui a d'ailleurs valu d'être classé au patrimoine mondiale de l'UNESCO. Cette ville retrace son histoire à travers un spectacle de son et lumière projeté sur un des bâtiment qui entoure la place principale.
C'est agreable de camper sur le sable. Ca l'est un peu moins de pousser le velo...
A Campeche les peintres ne risquent pas d'etre au chomage
Nous avions ensuite deux choix pour rejoindre la côte-est de la péninsule du Yucatán. On pouvait suivre les grandes routes, passer par Merida, Valladolid puis Cancùn ou bien se frayer un chemin parmi les innombrables routes secondaires et rejoindre directement la ville de Valladolid. Nous avons opté pour le second itinéraire. Nous nous sommes donc retrouvés sur de toutes petites routes de campagnes dans des villages où les femmes portent toujours les tenues traditionnelles. Elles sont vraiment différentes de celles portées dans la région du Chiapas. Ici, ce sont des robes blanches avec de jolies broderies colorées. La végétation est abondante mais moins luxuriante que dans le Chiapas. Nous avons même traversé un village où les mormons semblaient plus nombreux que les mexicains. Nous avions l'impression qu'ils avaient tout déplacé des US, les maisons, les granges, le matériel agricole.
Meme avec des robes colorees la vie de mamie au Mexique ne semble pas etre tres gai
Ces velo-taxis ne font pas le tour du monde mais ils ont le merite de transporter des familles entieres, meme celles qui ont un peu trop abuse des tacos
Nos campements furent assez originaux sur cette route. À notre sortie de Campeche, nous avons bivouaqué dans une forêt et au moment de nous coucher, nous nous sommes aperçus qu'il y avait le feu à l'horizon. Il est vrai qu'il est assez fréquent de voir des parcelles de champs ou bien des forêts en feu. Ce sont des feux de petites tailles, qui s'éteignent en général d'eux mêmes et qui permettent uniquement de brûler les mauvaises herbes et de faire fuir les rats. Mais bon, même si ces feux restent en général de petites tailles, nous avons pris nos vélos et sommes allés voir de plus près ce qu'il en était réellement. Le feu était assez loin de notre campement et puis, pas facile de tout bouger à cette heure tardive. Par précaution, nous nous sommes réveillés au milieu de la nuit et avons vérifiés son avancement. Heureusement pour nous, rien d'inquiétant même si le vent soufflait dans notre direction.
Nous avons ensuite emprunté la route Puuc. Cette route est connue pour les nombreux sites Maya la jalonnant. Il n'y en a pas moins de quatre ouverts au public sur une quarantaine de kilomètres. Nous avons bivouaqué sur cette route et le hasard fait bien les chose. Comme à nos habitudes, nous empruntons un petit chemin sur le bord de la route et essayons de trouver un endroit plat, caché de la route. Nous vérifions tout de même que le chemin ne conduit pas à une habitation. Et ce soir là, ce fut une belle surprise, nous découvrons que le chemin mène à un site Maya, certes assez petit et pas restauré mais tout à fait charmant. Il nous a fallus à peine deux minutes pour décider que notre bivouac se ferait au pied de cette pyramide même si la fin du chemin n'était pas vraiment accessible à vélo.
Les temps evoluent, les habitations aussi
Après 4-5 jours à pédaler sur ces magnifiques petites routes secondaires, nous avons rejoint la ville de Piste, qui se situe à seulement deux kilomètres des pyramides du Chichen Itza. Le Chichen Itza est classé comme l'une des 7 nouvelles merveilles du monde. Ce site Maya qui a connu sa periode de gloire au Xeme siecle a été merveilleusement bien restauré. Il est d'ailleurs possible de voir de nombreux édifices de l'époque, notamment le jeu de la balle ou encore le temple des 1000 colonnes. Ce site Maya n'est pas en vérité un site 100% Maya. En effet, il possède la particularité de mélanger les styles architecturaux des Mayas mais également des Toltecs, ayant migré de Tula au Nord de Mexico city au 10ème siècle. Ce site est très touristique, pas besoin d'entrer pour le vérifier, il suffit de regarder le nombre de cars de touristes présents sur le parking. Le prix d'entrée très élevé permet aussi de comprendre qu'il est très populaire. Nous y sommes allés en fin de soirée, 2 heures avant la fermeture afin de pouvoir visiter plus tranquillement ce site si réputé.
C'est une merveille cette merveille!
Nous avons ensuite rejoint la ville de Valladolid situé à seulement 40 kilomètres de là, en suivant la nationale. C'est à ce moment que nous nous sommes dits que notre choix pour les routes secondaires avait été le bon. En effet, les routes principales sont souvent en meilleur état, il y a une large bande d'arrêt d'urgence mais sont totalement dénuées de charme. Avant d'arriver à Vallodolid, nous avons fait un petit arrêt dans un cénote. Depuis le temps que nous attendions ce moment. Les cénotes sont des gouffres plus ou moins profonds et plus ou moins ouverts vers l'extérieur remplis en général d'eau douce. Leur formation est due à deux phénomènes propres au Yucatan. Tout d'abord le sol dans cette région est principalement calcaire donc friable. A cela s’ajoute un important réseau de rivières souterraines circulant en profondeur. Ce réseau de rivières se serait forme il y a 65 millions d'années lorsque la météorite en partie responsable de l'extinction des dinosaures s'écrasa dans le golfe du Mexique. L’érosion provoquée par l’eau fait qu’à certains endroits le sol calcaire s’effondre laissant apparaitre un gouffre rapidement rempli par les eaux souterraines. Ces puits naturels représentaient dans le passé une des principales sources d'eau potable dans la région. Ces lieux étaient également considérés "sacré" par les mayas.
Aujourd'hui, la plupart sont devenus des lieux de détente. En effet, il en existe de différentes formes. Le cénote Samula dans lequel nous nous sommes baignés ce jour là était vraiment unique. Imaginez des racines tombant dans une grotte via un trou creusé dans la roche, c’est l’image que tout le monde retient après sa visite. Au pied des racines, un lac souterrain à l’eau cristalline. La lumière extérieure entre par cet orifice naturel pour éclairer légèrement la grotte. L’eau est certes un peu fraiche au premier abord mais cela fait tellement du bien après une journée de vélo sous un soleil de plomb. Les poissons chats sont également là pour nous accompagner. Comme pour le Chichen Itza, nous y sommes allés une heure avant la fermeture et nous nous sommes retrouvés à une dizaine de personnes dans le cénote.
Heureusement que mere Nature pense aux cyclistes qui souffrent de la chaleur
Après la visite de ce lieu unique et envoûtant, nous avons rejoint la ville de Valladolid d'où nous avons pris le bus pour rallier la ville de Cancun à 160 kilomètres de là. Pas de côte insurmontable, pas de côte du tout à vrai dire, ni de météo catastrophique, nous avons juste décidé de gagner 2 jours afin de les passer sur une petite île au large de Cancun. Et puis, il faut dire que la route qui nous attendait était des plus monotones.
Nous sommes donc arrivés au terminal de bus de Cancun. Il existe deux Cancun, la vrai ville, retirée de la côte, qui a toutes les caractéristiques d'une ville mexicaine, et la zone hôtelière qui pourrait s'apparenter à un mini Las Vegas à certains endroits. Bref, nous avons rejoint le port de Cancun. Après 30 minutes de bateau au milieu des touristes, nous sommes arrivés sur l'île Mujeres. Cette île est touristique, mais à tout de même su garder son caractère mexicain. Après quelques dizaines de minutes de recherche, nous avons trouvé un studio chez un particulier pour moins cher qu'une nuit d'hôtel. Et en plus, il y avait une kitchenette! Parfait pour se faire des crêpes... Et oui, ça nous manquait un peu. Nous sommes donc restés 3 jours sur cette île à profiter des belles plages de sables fins, à faire du snorkeling (masque et tuba) et à visiter cette petite île de 7 kilomètres de long sur 500 mètres de large.
C'est loin d'etre une ile deserte mais au moins on est surs de trouver un bateau pour rentrer a Cancun
Sur l'ile Mujeres il y a des plages sauvages...
... et des plages plus tranquilles
De retour à Cancun, nous avons mis le cap vers le sud afin de rejoindre Chetumal, dernière ville mexicaine avant Le Belize. Nous avons tout de même pris le temps de passer par la fameuse zone hôtelière. Et bien, nous préférons la ville de Cancun, ici rien ne semble être mexicain.
Quand les americains delocalisent Las Vegas a Cancun
On doit avouer qu'on s'est quand meme laisser prendre au jeu des photos souvenirs
La route vers le sud n'est pas des plus agréables, longues lignes droites sur le bord d'une 2x2 voies avec des paysages monotones, uniquement des forêts, et sous une température de plus de 30 degrés à l'ombre. En effet, nous n'avions aucune vue sur la mer qui n'est pourtant souvent qu'a 1 kilometre de la route, uniquement les hôtels ou bien les résidences privées ont ce privilège.
Nous sommes passés par la ville de Playa del Carmen où nous avons pris notre repas à l'écart du centre ville. Ici, tout est plus cher surtout dans l'énorme rue piétonne qui traverse la ville. Les plages sont jolies mais remplies de transats et de parasols à louer.
Du coup ce sera au Cénote Cristallino que nous ferons un arrêt pour nous baigner. Comme à notre habitude, nous sommes arrivés en fin de soirée, vers 17h et n'avons eu que des privilèges. Tout d'abord, nous avons payé l'entrée moins chère et puis nous avons pu planter notre tente à l'entrée du cénote, quoi de mieux?mCe cénote diffère du premier que nous avions fait. Il est beaucoup plus ouvert sur l'extérieur avec une grotte sur l'un des côtés. Ici la végétation est abondante et donne un charme fou au lieu, encore plus après une bonne journée de vélo sous une chaleur de plomb. Nous n'étions plus que tous les deux dans l'eau à la fermeture. Pierre-Jean a d'ailleurs pu tester la "Fish Pédicure". Des dizaines de poissons viennent spontanément se nourrir des peaux mortes sur les pieds. Sabrina, quant à elle, enlevait ses pieds en poussant des cris avant même que les poissons n'aient pu la toucher.
Ce cenote a l'air tranquille vu comme ca ...
... mais il est en realite rempli de poissons voraces
C'est à Akumal, quelques kilomètres plus au sud, que nous avons renoué avec les plaisirs de la mer. Masque et tuba à la main, nous avons suivi tous les touristes qui partent en groupe avec un guide faire du snorkeling à quelques mètres seulement du bord de la plage. La seule différence, c'est que nous, nous n'avons rien payé! Et quelle fut notre surprise d'apercevoir des énormes tortues de mer à seulement une dizaine de mètres de la plage. Nous les avons observées pendant une quinzaine de minutes, les regardant remonter à la surface pour respirer tous les 4-5 minutes ou bien à jouer avec de petits requins qui s'étaient accrocher à leurs dos pour se nourrir ou faire de l'autostop.
Ce n'est quand meme pas simple la vie de tortues de mer quand toute la journee elles doivent faire face a ...
... ca ...
... et surtout ca!
Encore quelques kilomètres plus loin, nous sommes arrivés à Tulum, qui est la dernière ville touristique de la côte et correspond pour nous au franchissement des 6000 kilomètres à vélo. C'est d'ailleurs dans cette ville que nous avons rencontrés deux cyclotouristes qui eux remontaient vers le nord. Nous avons ainsi pu échanger quelques conseils sur les bivouacs et les activités qui se trouvent sur la route.
6000 kilometres avales depuis le debut du voyage
Pour les derniers 250 kilomètres qui nous séparaient du Belize, les villages se sont faits plus rares et plus petits. Le traffic était un peu moins abondant, les énormes panneaux publicitaires avaient disparu mais la route n'était pas spécialement plus agréable ou plus jolie.
Rien de mieux qu'une pause noix de coco pour oublier la monotonie de la route
C'est à Bacalar et sa lagune magique que nous avons fait un nouvel arrêt. Cette ville est d'ailleurs une excellente alternative au tourisme de masse des villes un peu plus au nord. Elle est située au bord d'une lagune dont les tons passent du bleu turquoise au vert émeraude ou du bleu ciel a un bleu électrique selon la profondeur ou le moment de la journée. Cette particularité lui a donné le nom de "Lagune aux sept couleurs". Nous avons déniché un petit endroit pour camper pour trois fois rien. Cela nous permettait d'avoir les douches et les toilettes à disposition. Plusieurs tentes étaient déjà installées à notre arrivée. Toutes ces personnes participaient à une semaine de stage de "bien-être basé sur l'écoute de son corps". Nous avons ainsi pu les observer à travers leurs différentes activités, qui quelques fois pouvaient sembler étranges à première vue.
Dans le Yucatan, quand on s'eloigne de la mer et de ses magnifiques plages, c'est pour tomber sur une lagune tout aussi paradisiaque
Les derniers kilomètres vers Chetumal se sont faits rapidement. Nous avons profité de cette dernière grande ville avant la frontière avec le Bélize pour apprécier une dernière fois l'ambiance si agréable du Mexique. Nous avons également fait une cure de tacos, burritos, huaraches, panuchos, sopas et bien évidemment de jus de fruits qui, c'est sûr, vont nous manquer. Demain nous quitterons avec un peu de nostalgie le Mexique qui nous a tant charmés. Mais c'est avec curiosité que nous entrerons au Bélize, minuscule pays de 300 000 habitants qui voit pourtant plus de 800 000 touristes débarquer chaque année sur son territoire.
