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le monde à l'envers

De Mexico à Palenque

Comme beaucoup de capitales dans le monde, Mexico a la réputation d’être une ville dangereuse. C’est probablement vrai pour certains de ses quartiers mais c’était loin d’être le cas de celui où nous résidions. Nous avions en effet choisi de nous installer dans un hôtel près du centre historique de la ville. Et dans ce lieu touristique, les policiers sont encore plus nombreux que les touristes eux-mêmes. Tels des réverbères plantés tous les 10m sur le trottoir, ces hommes et ces femmes armés de matraque, pistolet et bouclier sont prêts à bondir sur le moindre individu leur paraissant suspect. Bien que cela paraisse terrorisant dit ainsi, nous trouvions en réalité leur présence plutôt rassurante. Tellement rassurante d’ailleurs que cela nous a permis de faire une petite balade le soir de notre arrivée dans les ruelles autour de notre hôtel.

 

Nous avons ainsi eu un premier aperçu du quartier en nous rendant sur la Zocalo, autrement dit la place centrale. Hormis un immense drapeau mexicain trônant à plusieurs mètres de hauteur, cette immense place de 200m sur 400m est totalement vide de tout autre édifice. Ce vide contraste pleinement avec la richesse architecturale des bâtiments l’entourant, que ce soit le palais national, la cathédrale Metropolitana ou encore le temple Mayor. Ce dernier était un lieu de culte important pour les Aztecs et bien qu’il ait été démoli par les espagnols et redécouvert par hasard lors d’excavations en 1978, il est maintenant possible de visiter ses ruines en plein centre-ville. Contraste de Mexico, en nous dirigeant quelques centaines de mètres vers le nord, nous sommes tombés sur un immense marché composé de milliers de stands installés dans les ruelles. Plus aucun touriste ici mais l’occasion pour nous de déguster d’excellents tacos. Puis au hasard des détours, nous avons vu de la lumière et entendu des rires surgissant de la porte d’entrée d’un vieux bâtiment. En nous nous approchant un peu, nous nous sommes aperçus que ces bruits provenaient du musée de la caricature en l’honneur du vernissage de la nouvelle exposition consacrée à Charlie Hebdo. Nous nous sommes donc glissés parmi la foule d’invités pour admirer les caricatures d’artistes mexicains et français sur cet évènement tragique. Ce fut l’occasion pour nous de rencontrer l’artiste ayant dessiné l’affiche de cette exposition. Très humoristiquement elle représente une femme musulmane s’étant échappée de sa nikab telle une princesse ayant fui le donjon où elle était retenue prisonnière en criant « Je suis Charlie ». Hormis cette rencontre, ce vernissage fut très agréable car nous nous sommes vus offerts un verre de vin rouge et une empanadas au poulet, même si nous aurions préféré une tartine de foie gras.

 

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Vue sur la cathedrale depuis la place Zocalo

 

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Les dorures a l'interieur de la cathedrale

 

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Meme a l'autre bout du monde on parle de Charlie Hebdo

 

Le lendemain nous avons élargi notre cercle de promenade pour découvrir de nouveaux endroits. Nous en avons profité pour visiter le secrétariat à l’éducation publique où il est possible d’admirer gratuitement des peintures murales de Diego Rivera dans lesquelles il décrit le quotidien des mexicains, de l’époque pré-hispanique jusqu’à nos jours. Nous avons également pu admirer la magnifique architecture toute en marbre et en cristal du palais des beaux-arts. Puis un petit tour au marché de la Ciudadela nous a donnés un bon aperçu de l’art traditionnel provenant de toutes les régions du Mexique.

 

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C'est quand meme plus joli que des graffitis

 

Puis le jour tant attendu dont nous avions si longuement rêvé est arrivé avec la visite du site de Teotihuacan. C’est vrai, on exagère un peu mais nous étions quand même contents de pouvoir enfin découvrir des constructions pré-hispaniques.

 

La civilisation Teotihuacan est en quelque sorte l'ancêtre des aztecs et a dominé toute la région centrale du Mexique de 100 avant JC à 650 après JC. Cette supériorité s'est notamment traduite dans leur architecture puisqu'ils ont construit avec les moyens de l'époque 2 immenses pyramides: la pyramide de la lune et la pyramide du soleil. Cette dernière est d'ailleurs la 2ème plus grande pyramide au monde après celle de Kheops en Égypte. Leur art était également très développé puisque des fresques représentant des animaux ou même des formes abstraites ornaient leurs monuments. Ce peuple possédait sa propre religion avec ses dieux et ses mythes. Il ne faillait d'ailleurs pas leur chercher des noises car ils pratiquaient de nombreux sacrifices humains en offrande à leurs dieux dont leurs ennemis étaient les victimes. 

 

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Non, on n'est pas en Egypte mais il y a quand meme des pyramides

 

Après cette visite très instructive, nous avons voulu le lendemain continuer notre apprentissage de l'histoire mexicaine avec la visite du musée consacré à Frida Kahlo, célèbre peintre née à Mexico. Malheureusement pour nous elle est tellement célèbre ici que son musée constitue presque un lieu de pèlerinage pour les mexicains avec pour résultat une bonne heure minimum d'attente pour pouvoir y entrer. Notre intérêt pour cette artiste ayant des limites, nous avons décidé de repousser la visite du musée au lendemain et de nous consacrer pour l'heure à une autre attraction incontournable de Mexico, la visite des canaux de Xochimilko. Il faut savoir qu'il y a quelques siècles un immense lac était présent à l'endroit où se dresse aujourd'hui la ville de Mexico. Après la conquête espagnole ce lac a progressivement été asséché pour bâtir la capitale du Mexique. De ce fait tous les bâtiments de la ville sont en quelque sorte érigés sur d'anciens marais. Résultat, la ville de Mexico s'enfonce petit à petit dans le sol, en témoignent les fissures visibles sur de nombreux bâtiments ou les clochers des églises qui maintenant tendent à imiter la tour de Pise. De cet ancien lac assèché ne subsistent aujourd'hui que les canaux de Xochimilko où les mexicains aiment venir faire la fête le week-end. Un peu comme à Venise, on loue pour quelques heures une gondole et son gondolier qui, à coup de bâtons enfoncés dans la vase, s'évertue à faire avancer le bateau en évitant tant bien que mal les collisions avec les centaines d'autres embarcations présentes. De nombreux vendeurs ambulants viennent accrocher leur barque aux gondoles pour vendre de la nourriture ou des fleurs. Les mariachis (groupe de musiciens et chanteurs) viennent eux aussi proposer leurs services pour égayer les fêtes de famille ou entre amis organisés sur ces moyens de locomotion. De notre côté nous avons pu embarquer l'espace de 2h avec une famille mexicaine venue se balader tranquillement sur les canaux. Ce fut l'occasion de découvrir cet univers beaucoup plus détendu et festif que celui du centre-ville.

 

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Collision entre gondoles a babord

 

Comme prévu, nous sommes retournés le lendemain au musée Frida Kahlo 30 minutes avant l'ouverture. Il y avait déjà une bonne trentaine de personnes attendant devant l'entrée. Mais nous n'avons pas regretté l'attente car au travers de ce musée nous avons pu mieux comprendre la personnalité torturée de cette artiste ayant eu plusieurs pépins physiques. Tout d'abord on lui a diagnostiqué la polio à l'âge de 6 ans. Cette maladie a eu pour effet de la laisser avec une jambe plus courte que l'autre. Puis à 18 ans, une barre en métal est venue lui traverser l'abdomen après un terrible accident de bus la rendant stérile. Cet accident lui a également causé une douzaine de fractures à sa jambe la plus courte. La douleur physique l'a laissée alitée plusieurs mois et la douleur psychologique, surtout celle de ne pas pouvoir donner naissance à un enfant, lui a donné une partie de l'inspiration pour ses tableaux. Sa rencontre puis son mariage avec Diego Rivera lui auront finalement été bénéfiques tant au niveau artistique que moral. Nous avons enchainé par la visite d'un autre musée, celui d'anthropologie. Ici ce n'est pas la vie de Frida qui est exposée mais plutôt l'histoire du Mexique, des premières civilisations à aujourd'hui. Ce musée vraiment très bien fait nous a permis d'y voir un peu plus clair entre les civilisations Aztecs, Toltecs, Mayas,... Nous pensions que 2h30 dans ce musée seraient suffisantes. Nous avions tort. Il est tellement bien construit et immense qu'il faut y rester au moins 4h.

  

Ce fut pour nous la fin de notre séjour à Mexico. Ces 4 jours nous ont permis d'avoir un autre regard sur cette immense ville de 21 millions d'habitants. Et même si nous n'aimerions pas y vivre, sa visite est incontournable lorsqu'on se rend au Mexique et est beaucoup moins dangereuse qu'on pourrait le penser au premier abord. En témoigne le métro très éclairé et accueillant où les passagers n'hésitent pas à nous aider. En plus les tickets coûtent moins de 0,3€!

 

Nous avons ensuite pris le bus pour rejoindre la ville de Puebla située à 200 kms de Mexico. C’est la 4ème plus grande ville du Mexique avec 1,5 millions d’habitants. Pourtant comme toutes les grandes villes de ce pays le centre est calme et agréable à visiter à pied. Cette ville est réputée pour ses nombreuses églises aux couleurs et formes très diversifiées. Il y en a partout. La plus connue et la plus visitée d’entre elles est probablement la chapelle del Rosario avec des dorures tellement nombreuses et étincelantes qu’elles en feraient presque mal aux yeux. L’architecture de Puebla est également caractérisée par la façade de nombreux batiments décorée avec des carreaux de faience. Enfin Puebla est fameuse pour sa cuisine et notamment pour son Mole Poblano. C’est une sauce au chocolat avec du sésame et de nombreuses autres épices servie avec du poulet poulet et du riz. Nous avons testé et nous avons plutôt aimé même si Sabrina a tout de suite reconnu que le chocolat utilisé n’était pas du Lindt. Depuis Puebla nous avons fait un petit tour à la ville voisine de Cholula. Cette dernière est également connue pour ses nombreuses églises (la légende dit qu’il y en a 365) et elle permet surtout d’offrir une vue imprenable sur les volcans Popocatépetl et Iztaccihuatl. En culminant respectivement à 5452m et 5386m, ce sont les 2ème et 3ème plus hauts sommets du Mexique. La palme d’or revient au Chiltatépetl, un autre volcan situé à une centaine de kilomètres de là et atteignant une hauteur de 5760m.

 

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Les ruelles colorees de Puebla

 

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Quand les eglises se transforment en mosaiques geantes

 

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Non, ce n'est pas du boeuf bourguignon, c'est du Mole Poblano

 

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Esperons que le volcan Popo decide de ne pas se reveiller aujourd'hui

 

Heureusement pour nous la route menant à notre prochaine destination, Oaxaca, contournait soigneusement ces géants et avait même l’avantage d’être majoritairement descendante sur les 150 premiers kilomètres. Nous avons du coup renoué avec le voyage à vélo. Et nous n’avons pas regretté d’enfourcher à nouveau nos montures pour parcourir cette route aux paysages magnifiques. En effet, elle descend progressivement des hauts plateaux à plus de 2000m d’altitude pour arriver dans une vallée située à 600m au-dessus du niveau de la mer. Cela permet de passer en revue une bonne partie de la végétation mexicaine. Des quelques espèces de cactus présentes sur les hauts plateaux se sont petit à petit ajoutées de nombreuses autres espèces de cactus. Puis sont apparues les plantations de maïs et de canne à sucre et enfin les vergers de citronniers, orangers, goyaviers, manguiers,… sont venus compléter le décor. Et tout ceci avec les montagnes en arrière-plan. Le décor n’était pas le seul à évoluer, le climat a aussi radicalement changé avec des températures nettement à la hausse. C’était très agréable dans les descentes, ça l’était nettement moins quand la route s’est mise à se transformer en montagnes russes. Nous avons renoué avec l’expression « transpirer à grosses gouttes ». Et sur une portion de 20kms environ nous avons même roulé sur une route totalement défoncée avec de nombreux nids de poule. Chaque voiture nous doublant soulevait un épais nuage de poussière qui en se mélangeant à la sueur nous recouvrait d’une épaisse couche de crasse. Un écran solaire naturel et gratuit pour Pierre-Jean. C’est d’ailleurs ici que nous avons découvert un nouveau métier : reboucheur de nid de poule. En effet les habitants des villages situés le long de cette route ont entrepris de reboucher les trous avec de la terre. Ils font un signe de la main à chaque voiture qui passe leur signifiant qu’ils aimeraient un peu d’argent en échange de leur travail. Une sorte de péage mais pas sur autoroute, loin de là.

 

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Sabrina a la ville

 

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Sabrina a la campagne

 

Bref, nous avons adoré cette route sur les 250 premiers kilomètres. A partir de là il faut grimper tout ce qu’on a descendu, c’est-à-dire environ 1700m de dénivelé sur 40kms. Cette « petite » cote n’étant pas de notre gout nous avons chargé nos vélos sur le toit d’un minibus pour rejoindre confortablement Oaxaca.

 

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Au Mexique il n'y a pas de probleme, il n'y a que des solutions

 

Nous avons passé 2 jours à visiter cette ville ne manquant pas de charme. Ses marchés nous ont beaucoup plu notamment le marché Abastos où il est possible d’acheter tout et n’importe quoi, à commencer par une grande sélection d’artisanat indigène. Oaxaca est en effet située à l’intersection entre 3 vallées où de nombreuses tribus ancestrales vivent. Beaucoup viennent vendre le fruit de leur travail ici et on a ainsi accès à un éventail impressionnant d’objets artisanaux, mais aussi de fruits et légumes à des prix imbattables. Nous avons également adoré Oaxaca car c’est la capitale du chocolat au Mexique. De nombreux commerces moulent les fèves de cacao sous les yeux des passants et les mélangent souvent avec du sucre et de la cannelle. Les arômes exhalent jusque dans la rue et la poudre peut directement être utilisée dans la préparation de boissons chocolatées pour le plus grand bonheur des papilles. Nous avons d’ailleurs très souvent succombé aux délices de ce liquide. Par contre les chapulines (sauterelles grillées) nous ont un peu moins plu. Et puis de la culture ancienne est également présente dans les environs d’Oaxaca avec le site archéologique de Monte Alban. C’est une ancienne cité Zapotec qui a connu son apogée entre 300 et 700 après JC. Elle est située sur une colline surplombant Oaxaca et donne une jolie vue sur la ville. Les constructions ne sont pas aussi grandioses qu’à Teotihuacan mais c’est impressionnant de voir le travail effectué par ce peuple pour niveler le haut de la colline afin d’y construire ses batiments les plus importants. Enfin, nous avons eu un soir la chance de nous joindre à une fête traditionnelle improvisée dans les rues de la ville. Une centaine de personnes habillées avec des vêtements colorés rappelant ceux des tribus indigènes dansaient au son des guitares, tambours et trompettes. Au milieu d’elles des géants d’au moins 4m de haut faits d’une armature en bois et de draps dans lesquels des personnes peuvent se glisser dansaient tout aussi joyeusement. Cette procession suivait un char sur lequel une personne déguisée en Jésus Christ faisait signe aux passants, le tout accompagné par des bruits de pétards. Nous les avons suivis pendant une petite heure. Nous avons compris qu’ils se rendaient à une église et toute cette fête était organisée en l’honneur d’un Saint. A la fin du défilé un tacos et une boisson sucrée étaient offerts aux personnes les ayant accompagnés. Une messe était ensuite donnée mais nous nous sommes échappés juste avant.

 

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A Oaxaca les agaves accueillent les croyants

 

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Les chapulines (sauterelles grillees) ne semblent pas avoir tant de succes que ca

 

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 Nous on prefere de loin le cacao

 

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Encore des pyramides

 

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Ils savent decidement faire la fete les mexicains

 

Nous avons quitté le climat calme et agréable d’Oaxaca pour nous rejoindre à San Cristobal de las Casas. Située à plus de 600 kms d’Oaxaca, nous avons préféré prendre un bus de nuit pour nous y rendre afin de gagner un peu de temps sur notre planning. Et puis la route était loin d’être plate donc ça nous arrangeait bien.

 

Nous sommes arrivés à 8h du matin et ce fut le choc thermique en descendant du bus. Bien que située à 2100m d’altitude, soit seulement 500m de plus qu’Oaxaca, la température est loin d’y être aussi agréable. Nous avons rapidement sorti la veste, les gants et le bonnet avant de nous mettre à la recherche d’un hôtel. Une fois le choc thermique passé, ce fut un choc culturel. En effet cette région possède une forte communauté indigène, majoritairement Tzotzil et Tzeltal qui a su préserver beaucoup de ses coutumes. Par exemple ils portent encore leurs vêtements traditionnels très colorés qu’il est possible d’acheter sur les marchés. Ici les bébés sont tous portés sur le dos grace à une sorte d’écharpe. Et puis beaucoup parlent leur langue originelle. On est toujours au Mexique mais en se baladant dans les rues de la ville on a l’impression d’avoir changé de pays. Et ce sentiment s’est encore s’amplifié lorsqu’on s’est rendu dans le village voisin de Chamula. La principale « attraction » de cette ville est la visite de l’église car des rites shamaniques y sont encore pratiqués comme c’était le cas avant l’arrivée des espagnols. En plus nous sommes tombés le bon jour car c’était le début du carnaval qui est célébré durant 4 jours chez eux. Des fusées artisanales explosaient un peu partout et accueillaient nos premiers pas dans la ville. Mais ce n’était rien comparé à ce qui nous attendait dans l’église. Des aiguilles de pin avaient été déposées sur le sol car elles symbolisent pour eux la vie. Des bougies étaient également placées un peu partout par terre, un peu trop près à notre gout d’ailleurs des aiguilles de pin. Des essences de pin se dégageaient des encenseurs et de la musique jouée à la guitare, à l’accordéon et au tambour participaient à transporter les curieux et les pratiquants dans un autre monde. Devant les bougies des groupes de 3 ou 4 personnes s’agenouillaient. L’une d’elle était un prêtre ou une prêtresse qui durant plusieurs minutes récitait des prières. Lorsque les bougies étaient presqu’entièrement fondues, le prêtre se saisissait d’un poulet vivant et le passait plusieurs fois au-dessus de la tête de son « client » qui avait pris soin de lui glisser un billet au début de la cérémonie. Et là, clac, le cou du pauvre poulet était brisé et dans un dernier tressaillement il rendait son dernier souffle. Cette cérémonie vise à guérir les personnes malades. En effet, le poulet est censé absorber le mal de la personne et en le tuant on tue le mal. Enfin tout le monde buvait une boisson gazeuse afin de roter car cela participe également à expulser le mal. En l’espace d’une heure on a ainsi vu 7 ou 8 poulets être sacrifiés pour la bonne cause. Et tout ceci sous le regard des sages du village qui pour le carnaval avaient revêtu leur habit de « fête ». Une toute autre atmosphère qui nous aura laissés sans voix et sans photo car les indigènes détestent être pris en photo et encore plus lors de leurs rituels. Après nous être remis de tout ça, nous sommes allés visiter le petit village de Zinacatan. La démonstration du tissage des vêtements traditionnels par une indigène nous semblait bien soft après la tuerie des poulets.

 

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 Femmes indigenes allant faire leur marche

 

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Pierre-Jean a du mal a se debarrasser des vendeurs ambulants devant l'eglise de Chamula

 

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Voila comment finissent peut-etre les poulets sacrifies

 

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Qui veut la belle echarpe?

 

Puis nous sommes remontés sur nos vélos pour rejoindre Palenque. A première vue cela paraissait simple. Seulement 210 kms et 2000m d’altitude à descendre. Toutefois nous savions que ce ne serait pas si facile car la route est une succession de montées et descentes tant et si bien qu’au total il y a 5000m de dénivelé descendant pour 3000m de dénivelé montant. Mais nous voulions absolument la faire à vélo car le décor promettait d’être superbe. Et nous n’avons pas été déçus. Des forêts de pin et du froid régnant autour de San Cristobal, nous sommes rapidement arrivés dans la jungle avec la chaleur et la moiteur associées. Un paysage que nous n’avions pas encore connu au Mexique avec des forêts luxuriantes desquelles s’échappent les cris des oiseaux et autres animaux exotiques. En chemin nous avons fait un petit détour rafraichissant par les chutes d’eau bleue azur d’Agua Azul. Que c’est bon après une journée de vélo très chaude de pouvoir se baigner dans un décor aussi magnifique. Le lendemain soir, nous avons pu renouveler cette expérience rafraichissante en nous baignant à la cascade de Misol-Ha. Un passage permet de passer derrière cette cascade de 35m de haut permettant d’apprécier toute la furie de ces eaux. A travers ces 2 visites nous avons encore pu découvrir un nouveau métier : monteur de barrière de péage improvisée. En effet il faut payer un montant pour emprunter la route menant à ces 2 sites. Bien qu’un peu exagéré, on a quand même pu observer que les habitants des villages situés à côté de ces chutes essayaient en effet de maintenir la route en bonne condition. Toutefois cela s’avérait totalement scandaleux quand à 2 reprises des femmes et des enfants nous ont arrêtés avec un fil tendu en plein milieu de la route nationale cette fois totalement entretenue par l’état en nous demandant 20 pesos pour passer. Une fois on nous a même dit « c’est 20 pesos pour passer ou tu m’achètes un sachet de bananes séchées à … 20 pesos ». Bien sûr on n’a jamais payé, on n’est pas au Maroc non plus.

 

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Ca nous change des cactus

 

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La couleur de l'eau nous rappelle les plus beaux lacs du Canada 

 

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Le Dieu de l'eau en plein travail

 

Mais cette route est également belle car elle traverse de nombreux villages. En effet les maisons des tribus indigènes bordent la route principale. Le vélo permet ainsi d’avoir un contact direct avec ces populations reculées et pas toujours en parfaite harmonie avec le gouvernement mexicain. En témoigne la révolution Zapatiste qui a eu lieu au début des années 2000 durant laquelle les indigènes réclamaient plus de droit, se sentant un peu délaissés par le gouvernement. Résultat, une répression sanglante et aujourd’hui le mouvement Zapatiste EZLN semble encore bien présent comme en témoignent les pancartes pro-révolutionnaires à l’entrée de beaucoup de villages. Les touristes ne semblent également pas très appréciés et bien que nous ne nous soyons jamais sentis en insécurité, c’est la première fois au Mexique où on ne se sentait pas toujours à l’aise. Les enfants nous ont vite trouvés un nouveau surnom : « Gringo ». Des fois dit gentiment avec un signe de la main, cela était parfois un peu moins accueillant avec des regards noirs et même un jet de pierre, heureusement immédiatement dénoncé par la maman.   

 

Au final on a adoré cette route mais on était bien content d’arriver à Palenque pour se reposer un peu. D’autant plus que seulement 1h après notre arrivée dans la ville un énorme orage comme il n’en existe que dans les régions tropicales a éclaté. Normalement les montagnes sont derrière nous et les prochaines centaines de kilomètres devraient être sur des terrains beaucoup plus plats.

 

 

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20/02/2015
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