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le monde à l'envers

De Chetumal a San Ignacio

Chaque passage de frontière est un moment particulier durant lequel on ressent à la fois de l’excitation et de l’appréhension. De l’excitation car on a hâte de découvrir un nouveau pays avec ses paysages, sa culture, sa cuisine,… Après tout c’est ce qui donne un sens au voyage. Mais de l’appréhension aussi car on sait ce qu’on perd mais on ne sait pas ce qu’on gagne. Et avec le Mexique on laissait un pays génial derrière nous. Lors du passage au Bélize, c’est en premier lieu l’appréhension qui l’a emportée sur l’excitation.

 

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Pierre-Jean semble hesiter a faire demi-tour

 

Tout d’abord le passage de la frontière n’a pas été des plus accueillants. En effet, le douanier bélizien en charge du contrôle des passeports nous a posés les questions d’usage, c’est-à-dire « Quelle est votre profession ? », « Quel est votre parcours au Bélize », « Combien de temps souhaitez-vous y séjourner ? ». A cette dernière question nous avons comme d’habitude répondu honnêtement. Nous lui avons ainsi dit que nous comptions rester dans le pays 7 à 10 jours sachant que cela était dans la limite des 30 jours autorisés. Résultat de notre honnêteté : il a tamponné nos passeports en fixant la date de sortie obligatoire 12 jours après la date d’entrée. Nous avons eu beau protester en mentionnant que nous étions normalement autorisés à séjourner 30 jours dans le pays, il nous a répondus : « Vous m’avez dit que vous souhaitiez séjourner 10 jours maximum dans le pays, je vous en donne 12. Que voulez-vous de plus ? ». On savait en effet que cette durée serait suffisante mais ce n’est pas l’accueil attendu dans un pays qui vit principalement du tourisme.

 

Nous avons ensuite pris la direction de Corozal, la première ville coté bélizéen située à une dizaine de kilomètres de la frontière. Comme dans tout nouveau pays, on s’est pliés à la corvée habituelle du retrait de devises locales. On s’est ainsi rendus dans une banque possédant un distributeur de billets. Après avoir insérée la carte, entré le code PIN et indiqué le montant du retrait, le distributeur nous a rendus la carte ainsi qu’un reçu de la transaction. Mais par contre le petit malin a oublié de nous donner les billets. Après s’être plaints au guichet (heureusement la banque était ouverte à ce moment-là), on nous a précisés que nous avions demandé une somme supérieure au plafond de retrait de la machine et c’est pourquoi elle ne nous a pas distribué les billets. Il ne nous restait plus qu’à lui faire confiance quand elle nous a dit que la somme ne serait pas prélevée sur notre compte.

 

Une fois l’argent retiré, nous sommes allés prendre notre repas du midi au restaurant. Et là aussi nous avons eu droit à notre lot de bizarreries. Tout d’abord il ne semblait y avoir presque que des restaurants chinois dans cette ville. Cela n’était pas pour nous déplaire mais c’était un changement par rapport au Mexique. Ensuite le restaurant (chinois bien sur) dans lequel nous avons mangé était bizarrement arrangé. En effet, le restaurateur, la cuisine et la caisse étaient tous 3 enfermés derrière des grilles construites avec des fers à bétons. Une toute petite ouverture en bas de la grille permettait au restaurateur d’encaisser l’argent et de donner les plats. Ce n’était pas très rassurant mais c’est devenu encore plus flippant quand un clochard aux yeux vitreux a décidé de rester à 10m de nous, les bras croisés en nous fixant attentivement sans décrocher un mot. On a compris à la fin de notre repas qu’il voulait voir si on finissait notre assiette car il est parti à notre dernière bouchée. Et oui, les portions avaient beau être généreuses, les cyclotouristes sont par définition en permanence affamés. Nous aurons eu notre lot de rencontres avec des gens bizarres durant tout l’après-midi dans cette ville où l’alcool et le drogue semblent faire des ravages. Même les policiers ne nous paraissaient pas très nets.

 

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Il ne manque que le gilet pare-balle au restaurateur pour ne plus craindre les delinquants

 

Nous avons en effet passé toute l’après-midi et même toute la nuit (l’occasion de découvrir que les campings au Bélize sont 2 fois plus chers qu’au Mexique) dans cette ville un peu glauque de 8 000 habitants pour 2 raisons. D’abord pour découvrir les jolies maisons coloniales tout en bois et sur pilotis dont certaines ont été parfaitement restaurées. Mais surtout pour attendre le bateau qui devait nous emmener le lendemain matin à 7h sur une ile paradisiaque. En effet le Bélize est principalement connu pour posséder la 2ème plus grande barrière de corail après l’Australie. Le « Blue Hole » (le « trou bleu » en français) est également l’une des formations géologiques sous-marine les plus célèbres au monde. A cet endroit, un trou parfaitement circulaire de 300m de diamètre pour 120m de profond donne à la mer une couleur bleu foncée ce qui contraste avec le bleu azur des eaux environnantes peu profondes. En réalité ce trou était une grotte calcaire. Lorsque le niveau de l’eau est monté il y a quelques milliers d’années, cette grotte a été submergée par l’océan et son toit s’est effondré. Au milieu de ces merveilles maritimes se trouvent des centaines d’iles appelées ici « Caye ». La plupart sont constituées uniquement de mangroves mais certaines sont habitables. Les 2 Cayes les plus peuplées et les plus visitées sont Caye Ambergris avec son lot d’américains et Caye Caulker avec une ambiance plus tranquille. Bref, tout ce descriptif pour dire que depuis Corozal nous souhaitions prendre le bateau pour Caye Ambergris (la plus au nord) puis pour Caye Caulker pour finalement rejoindre Bélize City. Cela nous évitait 140kms de routes plutôt monotones entre Corozal et Bélize City et nous permettait à la place de visiter 2 charmantes iles.

 

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Les anciennes demeures coloniales facon maison fantome ...

 

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... et facon maison Barbie

 

Au final nous nous sommes aperçus le matin à 7h que la compagnie de bateau chargeait un prix élevé pour les vélos qui s’ajoutait au prix déjà élevé des places assises. Nous avons donc décidé de nous rendre à vélo à Bélize City où nous savions que les prix des bateaux pour les iles étaient beaucoup moins chers. Ce qui devait être une journée de repos s’est finalement transformée en notre plus grosse journée de vélo depuis le début du voyage avec 106 kms au compteur malgré un vent de face. Cette étape « forcée » nous a finalement montré un visage plus agréable du Bélize. En effet beaucoup de gens sur notre passage nous saluaient avec le sourire. Les paysages étaient également agréables puisque nous avons longé sur plusieurs dizaines de kilomètres des champs de canne à sucre dont la récolte se fait ici à la main malgré le relief plat. Les camions chargés à ras bord de canne nous doublaient régulièrement pour que finalement nous les retrouvions tous à la queue-leu-leu en attendant de décharger leur récolte à la raffinerie d’Orange Walk.

 

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Les machettes semblent bien affutees

 

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Apparemment la prochaine fournee de sucre de canne est pour bientot

 

Cette journée nous a également permis d’en connaitre plus sur l’histoire et la culture du Bélize. Ce petit pays est une ancienne colonie britannique dont l’indépendance a été proclamée tardivement en 1981. De ce fait la langue officielle est l’anglais, ça change de l’espagnol parlé partout en Amérique Centrale. Par contre, contrairement  à l’Angleterre, on roule ici à droite, c’est bizarre. Aux habitants originels descendants directement des Mayas se sont rajoutés de nombreux africains et créoles descendants des esclaves importés par les anglais, des ménonites (sorte de mormons), des américains, des européens et des asiatiques. Ces derniers se sont d'ailleurs spécialisés dans la tenue de supérettes et de restaurants. Cela permet au Belize de manger chinois, mexicain et créole. Ce mix de populations semble bien fonctionner car les différentes communautés se mélangent assez facilement.

 

À la fin de cette longue journée de vélo nous en connaissions donc un peu plus sur le Bélize. La nuit nous a également apporté son lot d'informations. En effet nous étions dans une petite ville à la tombée de la nuit. Nous avons donc demandé à un sexagénaire si nous pouvions planter la tente dans son jardin. Il a très gentiment accepté. À peine 2 minutes après avoir installé notre campement, un jeune vient frapper à sa porte et lui demander 1 dollar bélizien (l'équivalent de 0,5€). Directement il lui donne. Il nous dit alors qu'il ne fait pas du tout confiance au gars à qui il vient de donner de l'argent, qu'il lui a déjà volé 2 vélos et qu'on ferait bien de mettre les nôtres en sécurité dans son garage. Pas très rassurant sachant que dix minutes plus tard le même scénario recommença et se répéta au moins 4 ou 5 fois supplémentaires. Leur donne-t-il de l'argent pour éviter les ennuis ou joue-t-il le rôle de patriarche en aidant financièrement les jeunes du village? On n'a pas osé lui demander. Quoiqu'il en soit vers 20h notre papy a pris sa mobylette pour revenir vers 2h du matin complètement bourré. On a alors repensé à un conseil donné par un bélizien au cours de la journée: «Le Bélize c'est super à visiter entre 6h et 18h mais à partir de 18h c'est mieux de rester enfermé dans sa chambre d'hôtel". C'est vrai qu'ici l'alcool et la drogue font des ravages et rendent les rues peu sûres la nuit.

 

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Mais que fait la police?

 

La palme de l'insécurité au Bélize revient probablement à Bélize City, la plus grande ville du pays. C'est pourquoi nous avons bien pris soin d'y arriver en fin de matinée pour prendre le bateau en début d'après-midi. Nous nous sommes ainsi rendus sur la petite île (environ 5kms de long pour 300m de large) tranquille de Caye Caulker. Ici pas de voiture, tout le monde se déplace à pied, à vélo ou en voiturette de golf. Les quelques rues ne sont donc pas goudronnées donnant un caractère plus authentique à l'île. Pas de plage de sable fin, ici c'est plutôt algues et mangroves, mais les cocotiers présents un peu partout, les pontons en bois s'avançant de plusieurs dizaines de mètres sur l'eau et les différentes teintes de bleu de la mer des Caraïbes invitent quand même à la baignade. Nous avons tout de suite été sous le charme.

 

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On decharge vite les velos et on va faire un plongeon

 

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Quand les velos et les voiturettes de golf font la course

 

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A chacun sa maison. La notre ressemblait a ca...

 

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... celle de ce bernard-l'hermite semble moins confortable 

 

Nous étions tellement pressés de découvrir la barrière de corail que dès le lendemain de notre arrivée nous embarquions à bord du Ragga King. Ce voilier nous a emmenés au son de la musique Reggae découvrir les 3 sites de snorkeling (masque et tuba) les plus jolis et les plus facilement accessibles depuis l'île. Après 1h de navigation nous sommes arrivés à "Coral Garden" (jardin de coraux) qui porte très bien son nom car on peut y observer des coraux de toutes les formes, de toutes les tailles et surtout de toutes les couleurs. Sans oublier bien sur les poissons exotiques déambulant dans ce labyrinthe de couleurs. Après un repas aux saveurs créoles (Ragoût de conque et poisson avec riz sauce coco) nous nous sommes dirigés vers le "shark and ray alley" (l'allée des requins et des raies). Cet endroit porte également bien son nom car on peut y observer d'immenses raies et d'encore plus grands requins nourrices, impressionnants mais inoffensifs pour l'homme. Il nous aura fallu une bonne dose de courage pour plonger depuis le bateau au milieu de ces monstres des mers. Enfin nous avons fini l'exploration sous-marine avec la visite du Hol Chan Marine Reserve. Cet endroit est protégé pour éviter de le dégrader et on peut y observer toute sorte de coraux, poissons, muraines, baracoudas,... Dommage que les touristes soient ici plus nombreux que les poissons. Finalement le capitaine a hissé une dernière fois les voiles pour nous ramener sur l'île, toujours au son de la musique Reggae mais cette fois agrémenté en plus d'un punch. Ce moment de détente nous a permis de sympathiser avec Kristel et Olivier, un couple strasbourgeois voyageant 2 mois au Belize, au Mexique et au Costa Rica. Nous remercions d'ailleurs Olivier de s'être essoufflé au sens propre pour prendre les photos présentées ci-dessous.

 

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Ce poisson a choisi le bon endroit pour faire une petite baignade

 

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Ici ca a l'air beaucoup moins sympa

 

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Comme quoi, il n'y a pas besoin d'etre un mannequin pour etre pris en photo. Cette muraine verte en est le parfait exemple.

 

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Non, non, personne n'a vomi. C'est juste du ceviche (melange de poisson, fruit de mer, tomate, ail et persil) dans la bassine. C'est delicieux avec des tostadas. C'est encore meilleur avec un punch.

 

À notre retour sur terre nous avons appliqué le slogan de l'île "Go slow" (prenez votre temps). Du coup nous avons passé les 2 journées suivantes à alterner baignade, hamac et tour de l'île à vélo. Nous avons également été initiés par Sam, jeune américain de 12 ans ayant déjà passé 3 mois sur l'île avec sa mère et sa sœur, à l'ouverture des noix de coco. Il y a tellement de cocotiers sur l'île qu'on peut ramasser les cocos tombées par terre (ou les ramasser directement sur l'arbre pour les meilleurs escaladeurs) et les manger immédiatement. Maintenant elles n'ont plus aucun secret pour nous. Le destin a voulu que le bateau devant nous ramener à Belize City soit annulé pour problème mécanique. Pas de problème, on est resté 1 jour de plus sur l'île.

 

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En tant que bons touristes on applique a la lettre ce qu'on nous recommande

 

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Sabrina est en bonne voie pour venir a bout de sa coco

 

De retour sur la terre ferme, nous n'avons pas passé plus de temps à Belize City qu'à l'aller (de toute manière il n'y a pas grand-chose à voir dans cette ville) et avons mis le cap à l'Ouest en direction du Guatemala. En chemin nous avons visité le zoo de Bélize dans lequel on peut admirer les espèces animales endémiques au pays. Nous avons ainsi pu pour la première fois de notre vie voir un tapir (l'emblème du pays) en chair et en os. Les jaguars, singes, toucans, perroquets et autres oiseaux multicolores peuplent également les lieux. Pierre-Jean a eu l'occasion de vérifier que le zoo ne renferme pas que des animaux en cage. En se baladant dans une allée ombragée, un serpent maladroit est tombé d'un arbre pour ricocher sur son épaule avant d'atterrir par terre. Malgré son côté viril il n'a pas pu s'empêcher de lâcher un cri. Sabrina quant à elle remercie encore les Dieux Mayas que cela ne lui soit pas tombé dessus.

 

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Ce tapir a la dalle

 

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Ce singe araignee sait quant a lui qu'il n'a pas interet a trop se goinfrer s'il ne veut pas faire craquer les branches sous son poids

 

Les Dieux Mayas n'ont tout de même pas totalement été cléments avec elle car elle est restée clouée une journée au lit à cause d'une indigestion de noix de coco. On saura maintenant qu'on ne peut pas conserver la chair de la noix de coco quelques heures en plein soleil. Heureusement les premiers symptômes sont survenus lorsque nous étions à proximité de Belmopan, la capitale du Bélize. Cette petite ville de 15 000 habitants a pris le relais de Belize City en 1971 lorsque le gouvernement a décidé à la suite d'un ouragan meurtrier qu'il était trop dangereux d'avoir une capitale sur le littoral. Pendant que Sabrina regardait le plafond de la chambre d'hôtel, Pierre-Jean faisait un petit tour de la ville. Rien de bien spécial à voir ici, même l'assemblée nationale a pâle figure. Il faut toutefois noter qu'ici tous les bâtiments doivent être construits en dur avec des parpins et du ciment. Ça ferait tâche si toute la capitale s'envolait au premier coup de vent. Cela contraste avec les autres régions du Belize où les bâtiments sont souvent construits en bois.

 

Nous avons repris la route le lendemain pour rejoindre la frontière avec le Guatemala. Petit à petit le relief a repris des formes nous préparant aux futures difficultés nous attendant au Guatemala. La végétation est devenue plus luxuriante et beaucoup plus verte. Et nous avons même eu droit à quelques averses ce qui ne nous était plus arrivé depuis un petit moment. Demain nous passerons la frontière avec le Guatemala. Il va falloir se remettre à parler (ou plutôt à baragouiner) espagnol alors que nous nous habituions tout juste à dire « Thank you » au lieu de « Gracias ». De plus nous quitterons cette ambiance des caraibes si particulière au Bélize mais nous espérons que le Guatemala nous ramènera un peu l’atmosphère mexicaine.

 

 

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29/03/2015
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